La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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May Ayim & Audre Lorde, poétesses décoloniales : afroféminisme & antiracisme transatlantique

Lecture par Nanténé Traoré & Marie-Sohna Condé
Rencontre avec Lucie Lamy & Jean-Philippe Rossignol & les éditrices de L’Arche et d’Ypsilon, animée par Christelle Murhula

À l’occasion de la publication de Nouveau départ de May Ayim et de Charbon d’Audre Lorde, les éditions Ypsilon et L’Arche vous invitent à traverser l’œuvre de ces deux poétesses, essayistes et militantes par une soirée de lectures et de discussion.

Pour Ayim comme pour Lorde, il aura fallu attendre plus de vingt ans pour voir traduire leur poésie en français. Reconnues dans leurs pays comme des figures essentielles de la lutte contre le racisme et le sexisme, les écrits de ces deux grandes personnalités de l’afroféminisme sont enfin disponibles en France, apportant une nouvelle pierre à l’histoire internationale du mouvement.

Ayim et Lorde se sont rencontrées à Berlin au cours des années 1980, alors que les liens transatlantiques du mouvement se renforçaient, les mots et les idées circulant entre l’Allemagne et les États-Unis. Ayim fut l’une des premières à revendiquer le terme d’afro-allemande, et Lorde une pionnière dans l’affirmation d’identités multiples et mouvantes (« poète, noire, féministe, lesbienne, mère, guerrière, professeure et survivante du cancer » comme elle se décrivait elle-même).

Toutes deux ont écrit des essais et des recueils de poésie, démontrant par leur travail que théorie, pratique, militantisme et poésie peuvent fonctionner ensemble pour changer le monde.

Marie-Sohna Condé et Nanténé Traoré porteront les voix des poétesses, puis une discussion autour de la traduction sera proposée avec Lucie Lamy et Jean-Philippe Rossignol, traducteur et traductrice de May Ayim, et les éditrices d’Ypsilon et de L’Arche.

À lire
– Audre Lorde, Charbon, trad. de l’anglais (États-Unis) par le collectif Cételle, éd. de l’Arche, 2023
– May Ayim, Nouveau départ, trad. de l’allemand par Lucie Lamy et J.-P. Rossignol, éd. Ypsilon, 2023.

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Antoine Wauters – Le plus court chemin

Lecture par l'auteur
Rencontre animée par Camille Thomine

Antoine Wauters a grandi dans la campagne wallonne. « Je suis marqué à vie par ce monde presque disparu. C’est une immense joie et une immense peine. Je ne peux pas le dire mieux : mon enfance me remplit de peine et de joie. » Par fragments, ou tableaux, il remonte le fil de ces années effacées, se remémore des scènes, des individus, des sensations, dans un dialogue intérieur avec celui qu’il est aujourd’hui, qui manie la langue et use des mots comme de traces, des inscriptions à la puissance infinie.

« J’ai longtemps vécu, et vis encore, avec le sentiment que les mots sont la seule vraie présence en moi. (…) C’est un pays, un lieu qui me devance et vers lequel je tends. Le seul endroit où l’on peut me trouver – et le seul où je me trouve. Partout ailleurs, je n’y suis pas. Je n’ai lieu que là. »
Antoine Wauters – Le plus court chemin

À lire – Antoine Wauters, Le plus court chemin, Verdier, 2023.

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Nathacha Appanah – La mémoire délavée

Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos

Ce poignant récit s’ouvre sur un vol d’étourneaux dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d’aïeux, partis d’un village d’Inde en 1872 pour rejoindre l’île Maurice. C’est alors le début d’une grande traversée de la mémoire, qui fait apparaître autant l’histoire collective des engagés indiens que l’histoire intime de la famille de Nathacha Appanah.

L’autrice raconte avec pudeur et délicatesse la vie de ses ancêtres, de ses parents mais aussi sa propre enfance comme si la mémoire se délavait de génération en génération et que la responsabilité de l’écrivain était de la sauver, de la protéger.

« Il y a ces minutes étranges, gris-bleu, glissantes, quand le soleil s’en va et quelque chose venu du fond des âges remonte et se rappelle à nous. »
Nathacha Appanah – La mémoire délavée

À lire – Nathacha Appanah, La mémoire délavée, Coll. « Traits portraits », Mercure de France, 2023.

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Pascal Quignard – Les heures heureuses

Donner une forme imprévisible à sa propre vie et s’y tenir quelle qu’elle soit devenue, tel est le but de l’ascèse.
À l’intérieur de l’énigme de chaque vie, chacun devient alors l’indice d’une chance, d’un heur qui est comme tombé du ciel. 
J’ai eu l’heur de vivre.
Bon heur : bonne pioche.
Mal heur : mal chance, mauvaise étoile.

« Derrière les heures ce sont les paysages.
Le temps qui se tient derrière le temps c’est la rotation des paysages.
Le printemps, l’été, l’automne, l’hiver.
Les paysages sont les visages inoubliables du temps originaire qui fuse. »
Pascal Quignard — Les heures heureuses

À lire – Pascal Quignard, Les heures heureuses, Albin Michel, 2023.

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Les petites conférences #2 : « Raconter la guerre, dessiner la paix »

Par Delphine Minoui, grand reporter, lauréate du Prix Albert Londres 2006
Tout public, à partir de 10 ans

« Lumières pour enfants », c’était le titre donné par Walter Benjamin aux émissions de radio destinées à la jeunesse qu’il assura avant la montée du nazisme. Ce titre, Gilberte Tsaï l’a repris pour les Petites conférences qu’elle programme depuis 2001 dans différents établissements culturels.
Elles reposent sur le pari que ni les grandes questions, ni les espaces du savoir, ne sont étrangères au monde des enfants et qu’au contraire elles font partie de leur souci, formant un monde d’interrogations restant trop souvent sans réponses.
La règle du jeu en est la suivante : un spécialiste d’une matière ou d’un domaine accepte de s’adresser à un public composé d’enfants mais aussi d’adultes, et de répondre à leurs questions. À chaque fois, il n’est question que d’éclairer, d’éveiller : en prenant les sujets au sérieux et en les traitant de façon vivante, hors des sentiers battus.

Programme de la Petite conférence #2 – « Raconter la guerre, dessiner la paix, 25 ans de reportages au Moyen-Orient » par Delphine Minoui :
Rien ne prédestinait l’enfant timide, née à Paris d’une mère française et d’un père iranien, à devenir reporter de guerre. Quand elle s’envole pour Téhéran, en 1997, c’est avec l’envie d’y raconter le quotidien des jeunes de son âge, épris d’ouverture. Mais l’après 11-septembre 2001 chamboule tout. Elle se retrouve en Afghanistan, puis en Irak, pour suivre l’invasion américaine et ses conséquences sur la région. Depuis, les soubresauts s’enchaînent : révolutions du printemps arabe, attentats de Daech, crise des réfugiés syriens, putsch raté en Turquie, retour des Taliban à Kaboul. Mais Delphine ne perd jamais espoir. Sensible à l’humain au milieu du chaos, elle navigue entre ses articles et ses livres pour faire parler la paix, encore et toujours, en racontant le combat des héros anonymes croisés sur son chemin.
Entre anecdotes et confidences, la conférence donnera à voir les coulisses du reportage, où le journaliste n’est ni un super héros ni un agent du « fake news » au service d’un grand complot, mais un témoin d’exception, porteur de lumière, même au cœur de l’obscurité.
Le terrain est la colonne vertébrale de son écriture. Correspondante au Moyen-Orient pour France Inter et France Info dès 1999 puis pour Le Figaro depuis 2002, Delphine Minoui a consacré la moitié de sa vie à cette partie du monde synonyme de révolutions, coups d’État et conflits.

À lire – « Les petites conférences » sont devenues une collection aux éditions Bayard. – Delphine Minoui, L’alphabet du silence, l’Iconoclaste, 2023, Les Passeurs de livres de Daraya, Seuil, 2017, Je vous écris de Téhéran, Seuil, 2015

Conception et programmation : Gilberte Tsaï
Production : l’Équipée.