La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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Marie Nimier – Le côté obscur de la Reine

Lecture par Florence Loiret Caille - Entretien mené par Sophie Joubert

« Comme je l’aimais, comme nous nous aimions. Cela va sans dire, et l’écrire me serre le cœur. Ma mère, ma maman, il n’y a qu’une femme au monde que je peux appeler ainsi. Quel dommage. Quel gâchis. (…) Ma mère m’occupe, ses lamentations me submergent, sa mauvaise foi, ses chantages, son agressivité déguisée en tendresse, sa façon de retourner le monde à son désavantage. Je sors de mes visites lessivée. Je pleure souvent, j’ai du mal à travailler.
Alors j’essaye de comprendre, pour garder la tête hors de l’eau. J’en parle à Gilles, mon grand frère né d’un premier mariage. Il ressent la plainte maternelle comme un rempart contre la réalité. Il dit au passage, et je me rends compte que je ne l’ai jamais entendu aussi clairement : Se plaindre, c’est demander de l’amour. Le demander de façon chronique, de façon lancinante. Un amour absolu, cet amour qui relie l’enfant à sa mère, la petite fille à sa maman. »
Marie Nimier

À lire – Marie Nimier, Le côté obscur de la Reine, Mercure de France, coll. « Traits et portraits », 2025

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Nancy Huston – Adam et les nymphes

Lecture par l’autrice avec Francis Jolly (images) & François Marillier (musique)

Soit, au départ, deux textes de Nancy Huston :
Les nymphes, méditation poétique sur le plaisir féminin et son refoulement au long des âges, appel fervent à retrouver la myopie de Monet et ses Nymphéas, à ressusciter la joyeuse sensualité des nymphes contre l’atroce précision du regard scientifique et pornographique.
Adam, terrifiant monologue d’une mère enjoignant son rejeton, neuf mois, à respecter pour l’instant les règles éthiques de base, sachant qu’une fois grand, vu qu’il fait partie des classes dominantes, il aura le droit de les fracasser allègrement.
Mis côte à côte, ces deux textes explorent et déplorent le passage du polythéisme aux monothéismes…
Et quand on y ajoute de la musique et les photographies de Francis Jolly, mots et images s’entrecroisent, se parlent, se renforcent, et cela devient un spectacle mordant, éclatant et troublant : Adam et les nymphes !

À lire – Nancy Huston, Adam et les nymphes, images de Francis Jolly, éd. Langage Pluriel, 2024

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Sophie Loizeau – Lectures paniques

Lecture par l’autrice
Avec Laure Gauthier, Marielle Macé, Maud Thiria, Julia Lepère, Martin Rueff & Estelle Dumortier
Piano : Héléna Gourzoulidou

Entrer dans la poésie de Sophie Loizeau est comme pénétrer dans une forêt dense et secrète. Ou plutôt un enchevêtrement de bosquets touffus où se cachent animaux sauvages et farouches, déesses, dieux, fées et esprits. Voici Diane qui prend son bain sous la clarté de Séléné, et Pan, qui de la chèvre, ou du bouc, a le côté fantasque, et de l’homme le désir. C’est par une écriture audacieuse et provocatrice, quand elle n’est pas inédite, que Sophie Loizeau magnifie le corps et la nature. C’est ainsi que s’ouvre cette anthologie, faisant une large part à ses trois premiers livres publiés, avec en final de cette « trilogie du corps et de la bête », une véritable fête au bouc, ode au dieu Pan qui donne son nom à cette anthologie. Dans une langue crue s’exalte une féminité triomphante, qui passe par une sexualité assumée et libre de toute contrainte.

À lire – Sophie Loizeau, Poèmes paniques (1999- 2020), éd. Lanskine, 2024

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Jacques Darras & Jacques Bonnaffé

« Sur terre et sur mer, au large ou au près »

Navigation poétique de Jacques Darras avec la complicité de Jacques Bonnaffé.

Nous les Jacques faisons des bilans réguliers depuis un mémorable duo au Théâtre de la Bastille à Paris au printemps 2004. Vingt ans plus tard, il était temps de se poser à nouveau. À force d’avoir suivi le cours de la Maye sur la longueur de huit livres depuis 1988, moi Jacques Darras je suis en effet parvenu sur les plages du littoral, que je ne quitte plus avant l’embarquement définitif. Aucune nostalgie de ma part. Plutôt la recherche constante d’un équilibre entre action et méditation. Oserai-je parler d’une sagesse ? Ce soir l’autre Jacques et moi-même nous répondrons donc l’un l’autre. Lui incarnera mon côté terre avec son sens de la danse, du mouvement, de la frappe du pied contre le sol comme un danseur de Brueghel, moi j’épouserai, en contrepoint, la force douce de la vague, l’ondulation répétitive du temps, le regard sur l’infini.

À lire – Jacques Darras, L’Indiscipline de l’eau, Poésie/Gallimard, 2016 – Je m’approche de la fin, NRF/Gallimard, à paraître

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Michel Murat – Les Javelots de l’avant-garde, poésie en France 1960-1980

Lecture par Julia Lepère
Entretien mené par Pierre Vinclair

Les javelots de l’avant-garde : des œuvres lancées comme des projectiles pour abattre la poésie, cette maison commune, tandis que d’autres essayaient d’en saper les fondements, d’autres au contraire d’en consolider l’édifice. Beaucoup de ces traits se sont perdus ; certains au contraire se sont fichés en nous profondément. Denis Roche et Jacques Roubaud, les poètes du « Chemin » et ceux de L’Éphémère, puis les tenants de la « modernité négative » – parmi eux quelques femmes brillant d’un éclat singulier – ont dessiné de 1960 à 1980 et au-delà le paysage de la poésie en France ; à tous l’innovation s’imposait comme un mot d’ordre. Leurs intentions et leurs réalisations sont examinées dans ce livre avec une attention libre de nostalgie.

À lire – Michel Murat, Les Javelots de l’avant-garde, poésie en France 1960-1980, éditions Corti, 2024