La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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Lola Lafon – Il n’a jamais été trop tard

Lecture par l’autrice accompagnée par Olivier Lambert
Entretien mené par Marie-Madeleine Rigopoulos

« Ce livre est une histoire en cours. Celle d’un hier si proche et d’un demain qui tremble un peu. Ce présent qui bouscule, malmène, comment l’habiter, dans quel sens s’en saisir ? Comme il est étroit, cet interstice-là, entre hier et demain, dans lequel l’actualité nous regarde. Elle reflète le monde, mais aussi des événements minuscules en nous, des souvenirs, des questions, des inquiétudes. Ces pages ne sont pas le lieu d’un territoire conquis, d’un terrain marqué de certitudes. Ce livre est l’histoire de ce qui nous traverse, une histoire qu’on conjuguerait à tous les singuliers. »

À lire – Lola Lafon, Il n’a jamais été trop tard, Stock, 2025

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Alexander Dickow & Alain Damasio – Langues siamoises

Entretien mené par Christèle Couleau

Alexander Dickow et Alain Damasio se sont rencontrés sur la frontière entre deux langues, l’anglais et le français qu’ils pratiquent et affectionnent tous les deux. Alexander Dickow, chercheur, poète, romancier, a le goût de l’étrange(r) et des monstres, jusque dans le caractère hybride de son écriture, savamment désarticulée à force de solécismes et de greffes linguistiques. De Caramboles (Argol éditions, 2008), recueil bilingue où les poèmes en miroir font mieux que se traduire, au Premier Souper (La Volte, 2021), prose où s’incarnent d’effrayantes altérités, son œuvre est traversée de voix venues d’ailleurs. Il lui revenait de relever le défi de traduire le chef-d’œuvre d’Alain Damasio, La Horde du contrevent (La Volte, 2004), dont la polyphonie narrative et la syntaxe rafalante requéraient une transposition créative plus qu’une simple transcription. Ce sont tout d’abord des extraits de cette traduction inédite, en écho avec le texte original, qui seront portés à deux voix par Alexander Dickow et Alain Damasio. Ce dernier partagera également avec le public les passages du Premier Souper qui lui tiennent le plus à cœur et nous expliquera ses choix. Alexander Dickow dévoilera enfin les premières pages de son nouveau roman, La Greffe : imaginant un monde où les carnosculpteurs travaillent la chair en chirurgiens et en créateurs, il poursuit son désir d’explorer jusqu’à l’extrême la plasticité des langues et des corps.

À lire – Alexander Dickow, Premier Souper, La Volte, 2021 – Alexander Dickow, Appétits suivi de Un grenier, La Rumeur Libre, 2022 – Alain Damasio, Vallée du silicium, Seuil, 2024

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Corinne Aguzou – La révolution par les femmes

Rencontre animée par Sophie Joubert

Angèle, Barbara, Mira, Mariette, Suzanne, Marouchka sont les victimes, diversement amochées, d’un monde où violence sexuelle et violence économique semblent indissociables. Armées de leur seule conscience politique – doublée d’un sens comique parfois involontaire – elles fomentent, avec l’aide de quelques hommes, dans les marges et sous-sols d’un grand ensemble appelé le Blockhaus, une révolution « post-féministe ».
Ce premier roman, paru trop discrètement il y a vingt ans, continue à sidérer par sa vigueur politique, son originalité narrative et sa frénésie burlesque. Il exige d’être à nouveau lu, dans un contexte qui n’est (heureusement) plus du tout celui de sa première édition. On reproche souvent au féminisme et à la littérature féministe de rester trop « théorique » ou de manquer d’humour. La révolution par les femmes démontre avec éclat que ce n’est pas une fatalité.

À lire – Corinne Aguzou, La révolution par les femmes, éd. Tristram, 2025

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Olivier Cadiot – Départs de feu

Lecture par l'auteur
Entretien mené par Colombe Boncenne

« Seules les vies quotidiennes sont intéressantes. J’aurais dû écrire un journal. Trois lignes par jour, c’est pas la mer à boire. Mais très jeune, j’avais pensé qu’il était déjà trop tard pour commencer. J’avais d’emblée abandonné – comme certaines personnes qui pensent que tout est déjà trop tard. »

Sous la forme d’un journal qui croise et traverse les époques, le livre d’Olivier Cadiot fait se télescoper saisons, révélations et sensations. On passe de la météo en 1775 à une représentation d’opéra en 1981, tout en évoquant l’entretien d’un jardin avant-guerre. D’un siècle ou d’une année à l’autre, le narrateur est en train de faire le tri des choses et des idées, de faire les comptes d’une existence imaginaire. Chaque chapitre de cet étrange journal ouvre une fenêtre sur un début de roman ou de nouvelles, comme autant de départs de feu. Mais cette diversité de points de vue finit par faire apparaître le foyer obscur du livre : la mort de la sœur de l’auteur. C’est la première fois qu’Olivier Cadiot a la possibilité d’évoquer plus profondément l’expérience de cette perte, moins pour faire tardivement son deuil que pour tenter de rentrer en communication avec les disparus. Cela se fera par l’intermédiaire de la nature et la bienveillance des arbres. « Mon père, se souvient le narrateur, parlait aux arbres pour communiquer avec ses morts ».

À lire – Olivier Cadiot, Départs de feu, POL, 2025

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Dominique Fourcade

En dialogue avec Marielle Macé & Arno Bertina

Qu’il écrive « à chaud » à partir des photos de prisonniers irakiens humiliés, ou à partir de l’agression de l’Ukraine par les Russes, ou encore de la guerre à Gaza, à chaque fois le poète Dominique Fourcade se pose la question de la place du poème dans un contexte à ce point violent ou désespérant. Quand les armes ne se taisent pas, que peut la poésie ? Quand les violents l’emportent, l’émotion du poète est-elle audible ? Que maintient-elle à flot qui nous est nécessaire, contre l’effondrement.
« Le résultat est forcément incertain, risqué même, mais d’une beauté qui renverse les doutes », écrivait Fabrice Gabriel dans Le Monde des livres, en avril dernier. Interrogé par l’essayiste Marielle Macé et le romancier Arno Bertina, Dominique Fourcade reviendra sur trois de ses derniers livres, et l’importance de l’actualité aux yeux du poète qu’il est depuis la parution de son premier recueil en 1961.

Soirée proposée par l’EHESS.

À lire – Dominique Fourcade, Ça va bien dans la pluie glacée ?, P.O.L, 2024 – Marielle Macé, Respire, Verdier, 2023 – Arno Bertina, Ceux qui trop supportent, Verticales, 2021