La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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Jean-Michel Maulpoix – Le jardin sous la neige

Rencontre animée par Nicolas Dutent

Après L’hirondelle rouge (2017) et Le jour venu (2020), Le jardin sous la neige est le troisième temps d’un parcours lyrique en prose où se fait pas à pas plus poignante l’angoisse du vieillissement et de la disparition. Les mêmes motifs s’y recreusent et les coups de boutoir du temps contre le désir y sont plus cruels. Une tristesse plus noire y rôde jusqu’aux Enfers. Mais l’écriture ne s’en tient pas à ces chemins désolés : elle ramène de l’espérance et de la lumière en faisant tomber sur le papier une neige apaisante, longtemps espérée, et comme revenue du fond de l’enfance. Cette blancheur couvre la terre noire du jardin où la mort travaille sourdement ; elle épure et éclaire. D’autant qu’elle ne vient pas seule : en même temps que l’enfance, elle apporte avec elle le souvenir de poètes aimés, dont les voix se font écho tout au long de ce livre.

Jean-Michel Maulpoix est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages poétiques. Il a été couronné par le prix Goncourt de la poésie en 2022 pour son recueil Rue des fleurs.

« À la saison froide, on parle à l’abîme, on se tient très près de l’oreille des morts. On les sent qui frissonnent au fond de soi. Ils appellent. Auraient-ils donc peur ? Doit-on aller les rassurer, coller la bouche contre la pierre ? Hochant parfois la tête, on acquiesce à l’inévitable. À la saison froide, après le désarroi, survient l’effroi. »
Le jardin sous la neige, Jean-Michel Maulpoix

À lire – Jean-Michel Maulpoix, Le jardin sous la neige, Mercure de France, 2023.

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Stéphanie Kalfon – Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau

Lecture par l’auteure accompagnée de Marc Collin
Rencontre animée par Amélie Cordonnier

« Pour me consoler, la petite fille revenue de la nuit pose sa main sur mon épaule, je la saisis mécaniquement : elle est fraîche et potelée, mais ce geste ne suffit pas à dissiper mes doutes. On pourra bien me dire que cette enfant a gardé son visage de la veille, que sa voix désordonnée reste inimitable, que cette pâleur dans les yeux c’est tout elle, comparer ne mène à rien. Cette enfant n’est pas la mienne. »

Emma, la narratrice de ce roman, raconte le trouble qui la saisit en revoyant sa fille Nina, disparue plusieurs heures un soir de septembre. Quelque chose dissone dans leurs retrouvailles, un « presque-rien », provoquant chez Emma une vrille qui nous plonge dans une vertigineuse incertitude.

« Avant la naissance de ma fille, je ne connaissais pas la taille de mes rêves, je veux dire, leurs dimensions réelles. Grâce à sa présence, j’ai pu mesurer leurs étroitesses, leurs immensités et, parfois aussi, leurs inaccomplis. »
Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau, Stéphanie Kalfon

À lire – Stéphanie Kalfon, Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau, éd. Verticales, 2023.

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Sara Bourre – Maman, la nuit

Lecture par l'auteure accompagnée de Mathias Bourre & Alistair Brown

« Maman a disparu. C’est pas simple. Il a fallu le redire plusieurs fois, décomposer la phrase, la prendre et la secouer. Maman a disparu. Quelle folie de phrase. Si je la chuchote, les larmes me montent et me brûlent, si je la prononce avec une voix de fer, comme un vieux robot fatigué, ma-man-a-dis-pa-ru ma-man-a-dis-pa-ru, ça me fout la chair de poule et l’impression d’une catastrophe planétaire imminente. (…) Si je la crie si fort que ma voix casse, alors je crois que ce n’est plus vraiment triste. Pas aussi triste que ça. Je dirais plutôt affolant. Sidérant. Ou encore stupéfiant. Voilà. C’est affolant sidérant stupéfiant et ça me rend le cœur dingue, et étrangement vivant aussi. »

L’enfant écoute tout, observe tout, et avant toute chose sa mère, une fascination qui oscille entre haine et passion. Un jour, sa mère disparaît. Alors, que va-t-elle devenir ?

À lire – Sara Bourre, Maman, la nuit, éd. Noir sur Blanc, Coll. Notabilia 2023.

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Arnaud Sagnard – La filature

Lecture par l’auteur accompagné en musique par Laurent Bardainne
Rencontre animée par Pierre Siankowski

Daniel Stein est conducteur de bus à Los Angeles, l’un des plus anciens de la compagnie de transports qui l’embauche. L’un des plus taiseux aussi. Lorsqu’il est soudain affecté aux trajets de nuits, on pense qu’il ne va pas moufter… L’assureur qui va le suivre à son insu pendant une semaine doit d’ailleurs s’en assurer. Car il a pour mission de tester la « flexibilité » de l’entreprise avant de sceller un contrat mirobolant. Évidemment, rien ne se passe comme prévu et le malaise de l’assureur prend le pas sur celui escompté de Daniel Stein. Lequel sort de son mutisme seulement pour se confier à un enregistreur. Que raconte-t-il à ces bandes audios ? Arnaud Sagnard joue très finement avec les codes du film noir ouest américain.

Lecture par l’auteur, accompagné par le jazz envoûtant de Laurent Bardainne.

À lire – Arnaud Sagnard, La filature, Stock, 2023.

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Benoit Cohen – Formidable

Lecture par Jérôme Kircher, dialogue avec Dorothée Werner

« Mon père ne devait pas souffrir », écrit Benoit Cohen. Dix ans après, l’auteur revient sur la disparition de son père, mort d’un cancer. À travers le portrait d’un homme, l’histoire d’une famille et de l’amour qui lie tous ses membres, il raconte comment, accompagné par sa mère et ses frères, il a cherché à empêcher son père de souffrir. Face au déni de cet homme, terrorisé par la mort, qui ne veut rien savoir, ils ont essayé de trouver en secret un moyen de l’aider à partir en douceur en se heurtant à l’absurdité d’un système dans lequel l’accès aux soins palliatifs reste réservé aux plus chanceux et qui interdit le recours à l’euthanasie pour soulager les malades. Un hymne à la vie qui pose la question de la manière dont nous avons le droit de mourir aujourd’hui en France.

À lire – Benoit Cohen, Formidable, Flammarion, 2023.