La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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Emmanuelle Lambert – Aucun respect

Entretien mené par Elisabeth Philippe

Une jeune femme idéaliste comme on peut l’être à vingt ans arrive à Paris à la fin des années 1990. On la suit dans sa découverte d’un milieu intellectuel qui a tout d’une caste d’hommes.
Elle y rencontre l’écrivain Alain Robbe-Grillet, imposant « Pape du Nouveau Roman », et son épouse Catherine, maîtresse-star de cérémonies sadomasochistes. Ils incarnent une certaine idée de la littérature et de la liberté sexuelle. Toutes choses auxquelles l’héroïne s’affronte tant bien que mal.
Raconté avec impertinence depuis aujourd’hui, son apprentissage, d’une drôlerie irrésistible, est un conte contemporain. Sa leçon est que la liberté s’exerce dans le jeu avec les autorités établies. Et sa morale, qu’il ne faut jamais sous-estimer les jeunes femmes.

« Pour veiller les unes sur les autres, elles faisaient ce que pouvaient faire des filles seules quand, dans la ville, on laissait circuler des ogres. Soit, presque rien. »
Emmanuelle Lambert, Aucun respect

À lire – Emmanuelle Lambert, Aucun respect, Stock, 2024

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« L’Odéonie ou la vie de l’esprit »

Avec Margot Gallimard, Anne F. Garréta, Laure Murat, Suzette Robichon & Céline Sciamma

En 1915, Adrienne Monnier fonde une librairie-bibliothèque de prêts, la Maison des Amis des Livres, au 7, rue de l’Odéon. Quelques années plus tard, Sylvia Beach ouvre en face, au n°12, Shakespeare and Company, son équivalent anglo-saxon. L’Odéonie est née. Entre les deux librairies, se construit dans l’entre-deux guerres un espace pour la pensée et le commerce de l’esprit, l’échange des idées et la défense de la littérature contemporaine, où se croisent James Joyce, André Gide, Valery Larbaud, André Breton, Louis Aragon, Colette, Gertrude Stein, Violette Leduc, Walter Benjamin, Gisèle Freund, Ernest Hemingway et bien d’autres. L’Ulysse de Joyce, partout rejeté par la censure, y verra le jour, en anglais, puis en français. Des rencontres, des publications, des lectures publiques, des expositions animent pendant vingt ans cet espace où se réinvente la vie intellectuelle autant que se développe, souterraine, une culture féministe et lesbienne.

À travers un montage de textes, « L’Odéonie ou la vie de l’esprit » rend hommage à un couple de libraires à l’énergie et l’indépendance hors normes, modèles de résistance au conformisme et source d’inspiration à laquelle notre époque gagnerait de s’abreuver.

À lire – Laure Murat, Passage de l’Odéon. Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie littéraire à Paris dans l’entre-deux-guerres, coll. “L’imaginaire”, Gallimard, 2024.

Photo d’Adrienne Monnier et Sylvia Beach

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Alice Zeniter – Frapper l’épopée

Accompagnée par Pablo Murgier au piano

Quand Tass était enfant, les adultes lui ont raconté l’histoire de sa terre, mais elle n’a jamais bien su où commençait l’histoire des siens, tout comme elle n’a jamais réussi à expliquer la Nouvelle-Calédonie à Thomas, son compagnon resté en métropole. Aujourd’hui, elle est revenue à Nouméa et a repris son poste de professeure. Dans une de ses classes, il y a des jumeaux kanak qu’elle s’agace de trouver intrigants, avec leurs curieux tatouages : sont-ils liés à un insaisissable mouvement indépendantiste ? Lorsqu’ils disparaissent, Tass part à leur recherche, de Nouméa à Bourail – sans se douter qu’en chemin, c’est l’histoire de ses ancêtres qui lui sera, prodigieusement, révélée. Le destin de Tass croise celui de l’archipel calédonien et Alice Zeniter nous révèle son complexe visage contemporain, à l’ombre duquel s’invite, façon western, son passé pénitentiaire et colonial.

« Tu arrives chez moi et tu fais comme chez toi, et ça m’enlève même la liberté de t’accueillir. La prochaine fois que tu arrives chez moi, fais les premiers gestes en premier. Présente-toi, dis bonjour et reconnais que tu es sur le seuil de ma maison. »
Alice Zeniter – Frapper l’épopée

À lire – Alice Zeniter, Frapper l’épopée, Flammarion, 2024

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Maylis de Kerangal – Jour de ressac

« Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l’Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j’ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L’étrange puanteur s’engouffrait dans la voiture, mélange d’hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m’a intimé de refermer, avant de m’interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C’est que vous y avez repensé, c’est que quelque chose a dû vous revenir. Oui, j’y avais repensé. Qu’est-ce qu’il s’imaginait. Je n’avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d’une ville, d’un premier amour, la forme d’un porte-conteneurs. »

À lire – Maylis de Kerangal, Jour de ressac, Verticales, 2024

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INTRIGUES SECONDAIRES #7

Intrigues Secondaires #7 La Paresse - Bastien Lallemant et Colombe Boncenne

En 2021, quand B. débute l’écriture de ses nouvelles chansons, il sent comme une ombre au-dessus de son épaule. Cette ombre, c'est Elisabeth Spettro, l'amie d'enfance retrouvée. Il va l'inviter à chanter avec lui Cependant, Elisabeth vit à l'étranger et ne veut pas venir en France. Comme si elle avait peur de quelque chose ou de quelqu'un...

La réalisation de l'album s'organise, B. demande à l'autrice - et amie - C. de rédiger une biographie fictive d'Elisabeth, un « pare-feu » romanesque censé donner le change. Mais n'est-ce pas étrange de « devoir inventer quelqu'un qui existe pour tenter, in fine, de le soustraire au monde réel » rétorque-t-elle.

Elle sera dure à convaincre.

Au fil des mois, et ce jusqu'à l'achèvement du disque, B. et C. échangent sur le portrait fantôme et c'est toute l'histoire de La Paresse qui se tricote et se détricote devant nos yeux. Quant à Elisabeth, elle s'y raconte peu à peu.