La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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La revue La Femelle du Requin invite Philippe Jaenada

Entretien mené par Christian Casaubon & Julie Gresh

Tandis qu’au volant de sa voiture de location, il fait le tour de la France par les bords, Philippe Jaenada ne peut s’ôter de la tête l’image de cette jeune femme qui, à l’aube du 28 novembre 1953, s’est écrasée sur le trottoir de la rue Cels, derrière le cimetière du Montparnasse. Elle s’appelait Jacqueline Harispe, elle avait vingt ans, on la surnommait Kaki. Elle passait son existence Chez Moineau, un café de la rue du Four où quelques très jeunes gens, serrés les uns contre les autres, jouissaient de l’instant sans l’ombre d’un projet d’avenir. Sans le vouloir ni le savoir, ils inventaient une façon d’être sous le regard glacé du jeune Guy Debord qui, plus tard, fera son miel de leur désinvolture suicidaire.

Dans ce livre magnifique, Philippe Jaenada a cherché à savoir, à comprendre pourquoi une si jolie jeune femme, intelligente et libre, entourée d’amis, une fille que la vie semblait amuser, amoureuse d’un beau soldat américain, s’est jetée, un matin d’automne, par la fenêtre d’une chambre d’hôtel.

En préambule, l’équipe de la Femelle du requin nous proposera un petit retour sur l’oeuvre de Philippe Jaenada (à qui un dossier est consacré dans le dernier numéro) mettant ainsi en perspective ce nouveau livre.

À lire – Philippe Jaenada, La désinvolture est une bien belle chose, Mialet-Barrault, 2024. Revue La Femelle du Requin, n°59

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Guillaume Perilhou – La couronne du serpent par l’auteur & Sophie Marceau

Lecture par l’auteur & Sophie Marceau

Stockholm, hiver 1970. Le jeune Björn, quinze ans, se présente aux auditions de Mort à Venise. Il ignore que sa rencontre avec Luchino Visconti est sur le point de changer sa vie : le maestro a trouvé « le plus beau garçon du monde ». Deux destins s’entremêlent, unis par cette beauté – offerte à l’un, révérée par l’autre. C’est l’histoire d’un orphelin et de sa traversée du miroir aux alouettes ; l’histoire d’une famille souveraine et victorieuse dont les relents, déjà, se font sentir. Les armoiries des Visconti étaient formelles : le serpent, toujours, dévore l’enfant. D’une plume virtuose, Guillaume Perilhou dépeint l’écrin doré des palais vénitiens, ou le théâtre funeste du monde ancien. Ce soir, il donne voix à Visconti au côté de Sophie Marceau qui fera entendre ce Björn dont elle ne peut que comprendre l’adolescence starifiée.

À lire – Guillaume Perilhou, La couronne du serpent, éd. de l’Observatoire, 2024. Sophie Marceau, La souterraine, Seghers, 2023

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David Peace – Patient X, Le dossier Ryūnosuke Akutagawa

Lecture par l'auteur & Constance Dollé
Entretien mené par Camille Thomine - Interprète : Marguerite Capelle

Patient X est un texte à part dans l’œuvre de David Peace, un livre né du culte qu’il voue à Ryūnosuke Akutagawa (1892-1927), l’un des plus grands auteurs japonais dont l’œuvre phare, Rashomon, a été adaptée au cinéma par Akira Kurosawa. Patient X traverse ainsi la vie de l’écrivain japonais à travers douze nouvelles incarnant différents moments de son existence, depuis sa gestation dans le ventre de sa mère jusqu’à son suicide à l’âge de 35 ans. David Peace sonde tous les états d’âme du poète, des plus lyriques aux plus sombres. En s’inspirant des écrits d’Akutagawa (nouvelles, essais, correspondance), David Peace défie les conventions de la biographie littéraire et compose un singulier et brillant exercice d’admiration, en même temps qu’un bijou pour les amoureux de la littérature et de la culture japonaises.

À lire – David Peace, Patient X, trad. de l’anglais par Jean-Paul Gratias, Rivages, 2024. Ryūnosuke Akutagawa, Les Grenouilles, trad. du japonais par Catherine Ancelot et Silvain Chupin, Cambourakis, 2024

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Camila Sosa Villada – Histoire d’une domestication

Lecture par Marie-Sophie Ferdane
Entretien mené par Céline du Chéné - Interprète : Manuela Corigliano

« Une comédienne, on ne cherche pas à savoir qui elle est. Une comédienne, on l’invente. Une comédienne est un rêve. » La comédienne de ce roman, l’actrice trans la plus connue du monde, peut vivre toutes les vies sur scène mais se sent acculée par un nouvel événement dans son quotidien : elle a décidé, contre tout bon sens, de fonder une famille.
Contre l’avis de tout le monde aussi, elle décide de monter une pièce de Jean Cocteau et de tenter, en plus, un retour périlleux au village natal pour voir ses parents…

Ce roman élégant, érotique et profondément universel est un coup de pioche dans les fondations de la famille et des traditions, une exploration brutale d’un couple atypique, un livre sur les mille et une manières de désirer, de provoquer, de ressentir.

À lire – Camila Sosa Villada, Histoire d’une domestication, trad. de l’espagnol (Argentine) par Laura Alcoba, éd. Métailié, 2024

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Abdellah Taïa – Le bastion des larmes

Lecture par Zakary Bairi
Entretien mené par Antoine Idier

À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande de ses sœurs, pour liquider l’héritage familial. En lui, c’est tout un passé qui ressurgit. Les voix du passé résonnent et l’interpellent, dont celle de Najib, son ami et amant de jeunesse au destin tragique, happé par le trafic de drogue et la corruption d’un colonel de l’armée du roi Hassan II. À mesure que Youssef s’enfonce dans les ruelles de la ville actuelle, un monde perdu reprend forme, guetté par la misère et la violence, où la différence, sexuelle, sociale, se paie au prix fort. Récit d’une enfance terrible, d’un amour absolu, aussi, pour ses sœurs magnifiques et sa mère disparue.

« Essuie tes larmes et viens à côté de moi. Tes larmes me brûlent maintenant, et j’ai envie de rire, rire avec toi, tu comprends ? »
Abedellah Taïa, Le Bastion des larmes

À lire – Abdellah Taïa, Le bastion des larmes, Julliard, 2024