La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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On a peur mais ça va d’Andrea Thominot

Rencontre animée par Simon Paye

Avec On a peur mais ça va, prix de la Vocation 2023, Andrea Thominot signe son premier livre chez Cheyne éditeur. Dans ce texte, l’auteur abandonne le « je », devenu impersonnel et choisit le « on » pour porter la voix de la jeunesse d’aujourd’hui. Il imagine d’autres manières de parler du corps, de respirer, d’avancer. Sa poésie se fait l’écho de ces voix hésitantes, qui ne savent plus comment faire, qui se réveillent dans plusieurs corps. Ces voix qui doutent, heurtent, brûlent, cherchent la douceur et l’harmonie « on ne sait plus où ».

Dans On a peur mais ça va, il s’agit de tentatives. D’essayer et de s’essayer, sans certitude. De reprendre souffle. De reprendre courage aussi. Andrea Thominot donne voix à ce « on », à cette communauté qui redoute l’avenir. Mais avance coûte que coûte.

“on garde des secrets.
on se garde du temps en trop après minuit
on se garde un endroit sur la peau qu’on n’a jamais blessé
on a des recettes secrètes
avec du café, du poivre, de la menthe verte
on fait un poison qui nous soigne
on recrache de la terre qui s’est accumulée
dans nos poumons
on recrache la terre les racines la roche
on ne s’étouffe plus,
on peut presque dire qu’on respire.”
Andrea Thominot, On a peur mais ça va

À lire – Andrea Thominot, On a peur mais ça va, éd. Cheyne, 2023.

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Quitter Hurlevent de Laurence Werner David

Rencontre animée par Sébastien Rongier

Il est des romans qui sont des enquêtes aussi littéraires que psychanalytiques, des dialogues qui entremêlent les livres et les destins.
Lucie est psychiatre. Elle retrouve les traces d’un ancien patient, Hector. Elle décide de comprendre qui est la figure paternelle qui a détruit et hanté le jeune homme et découvre sur le chemin des landes anglaises, une histoire familiale, celle des Brontë qui mêle les névroses à la littérature, la nuit romantique à la fragilité des sentiments.
Par les lieux qu’il choisit, les zones d’ombres qu’il arpente mais aussi par la force des victoires intimes, Quitter Hurlevent est un roman sur la beauté et le danger de vivre.

Une soirée proposée par remue.net

« Fourrant ma montre dans ma poche, je m’assieds à la table de jeux. Maintenant j’ai tout mon temps pour savoir ce qu’il s’est passé cet après-midi du 4 juillet 2016, en bas de la colline de Hurlevent. »
Laurence Werner David, Quitter Hurlevent.

À lire
– Chez Quidam : Laurence Werner David, Quitter Hurlevent, 2024
– Un autre dieu pour Violette, réédition 2024.

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En glanant dans les champs désolés d’Eugène Green

Lecture par l’auteur
Rencontre animée par Victor Pouchet

En glanant dans les champs désolés est un choix de poèmes écrits par Eugène Green pendant les deux premières décennies du siècle présent. Le cinéaste et écrivain y cherche à renouer avec une certaine tradition poétique, qu’il a tenté de définir dans son essai En faisant, en trouvant (2022). Ces pièces tantôt lyriques, tantôt contemplatives, tantôt comiques, écrites en vers métriques, souvent avec des rimes, et même en utilisant des formes fixes, invitent le lecteur à les lire à haute voix, et sont fondées, comme les films de l’auteur, sur l’idée de la présence qui se révèle dans le verbe incarné.

Je suis né pauvre et nu, ce qui est très courant,
Mais je me suis trouvé sans langue ni pays,
Sans troupeau, sans berger, et sans ami,
Et ainsi j’ai zoné à travers mon enfance.
Dans ce désert je ne voyais de beau
Que les arbres, les fleurs, les animaux
Eugène Green, En glanant dans les champs désolés

À lire – Eugène Green, En glanant dans les champs désolés, Champ Vallon, 2023.

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Grand Seigneur de Nina Bouraoui

Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos

« Je ne sais pas ce que déclenche la mort d’un père, je ne sais pas si je vais me briser, me tordre ou grandir, m’élever. Je sais que je vais devenir une autre personne, j’espère être meilleure, progresser, j’espère ne jamais perdre ma douceur et mon étonnement sur le monde, j’espère que je saurai remplacer ce qui va désormais me manquer. (…) Il y aura une force nouvelle et inconnue parce que je ne veux pas tomber. »

Face à la douleur, Nina Bouraoui se tourne vers l’écriture, et mêle la vie de son père à la sienne. Tous les souvenirs reviennent de Paris à Alger, un art de jouer et d’aimer, une façon de vivre et d’observer. Nina Bouraoui raconte ce grand seigneur à l’existence hautement romanesque, et imagine les secrets qu’il emporte. C’est le bouleversant récit d’une perte et d’un rendez-vous par la mémoire et l’amour.

À lire – Nina Bouraoui, Grand Seigneur et Le désir d’un roman sans fin, J.C. Lattès 2024.

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Sans valeur de Gaëlle Obiégly

Lecture par l’autrice

Gaëlle Obiégly, qui a l’art de poser sur le monde un regard joyeusement décalé, s’intéresse dans ce texte à ce qu’elle « trimballe » avec elle. Que ce soit dans un sac à dos ou à bandoulière, dans ses bibliothèques, dans ses lieux de vie, dans sa tête ou dans son corps, quelle valeur donner à ce qui la constitue, intérieurement et extérieurement ? Et que faire lorsqu’elle croise sur sa route un « petit tas d’ordures » qui lui semble posséder une richesse sans nom ? Le « sauver » déjà, de sa condition de déchets, l’analyser ensuite, comme un objet protéiforme, plein d’histoires et de symboles. L’incarner, en somme, et tâcher de le comprendre en s’adressant à ce qu’il renvoie – : « Qui es-tu, petit tas d’ordures ? »

Dans le cadre des Nuits de la lecture.

« Triant laborieusement, j’ai passé plusieurs mois à discriminer ce qui a de la valeur et ce qui ne vaut rien. D’un côté ce qui est destiné au paradis des archives ; de l’autre ce qui est voué à disparaître dans le néant des ordures. »
Gaëlle Obiégly, Sans valeur.

À lire – Gaëlle Obiégly, Sans valeur, éd. Bayard, 2024.