La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

En cours de lecture

Enrique Vila-Matas – Montevideo

En dialogue avec Tiphaine Samoyault
Interprète : Manuela Corigliano

Un narrateur en panne d’inspiration se remémore ses années de bohème à Paris. La dèche, la mansarde, les petits trafics d’herbe : l’attirail classique de l’écrivain romantique qui aspire à la gloire d’Hemingway. Paris est une fête, c’est bien connu… En proie au doute, il commence à observer des signaux qui le ramènent invariablement à l’essence de l’écriture. Depuis la mystérieuse chambre 205, du modeste hôtel de passe Cervantes à Montevideo, mise en scène par Julio Cortázar, les symboles se succèdent, reliant Paris à Cascais, Montevideo à Reykjavik et Saint-Gall à Bogota, qui tous témoignent de l’impossibilité de l’écriture à raconter la vie. En revanche, on peut entrer dans l’espace de fiction pour transformer la vie en littérature. De digression en digression, on est happé dans un vertigineux vortex, ébloui par l’intelligence du propos, la générosité de l’auteur envers ses pairs, la finesse de son humour et une autodérision à toute épreuve.

Immense écrivain, Enrique Vila-Matas est traduit dans une quarantaine de langues et s’est vu attribuer les plus prestigieux prix à travers le monde.

À lire – Enrique Vila-Matas, Montevideo, trad. de l’espagnol par André Gabastou, Actes Sud, 2023.

En cours de lecture

Marielle Macé – Respire

Lecture par l'autrice accompagnée de Mahut

« Ce livre parle d’aujourd’hui, de nos asphyxies et de nos grands besoins d’air. Parce qu’une atmosphère assez irrespirable est en train de devenir notre milieu ordinaire. Et l’on rêve plus que jamais de respirer : détoxiquer les sols, les ciels, les relations, le quotidien, souffler, respirer tout court. Peut-être d’ailleurs qu’on ne parle que pour respirer, pour que ce soit respirable ou que ça le devienne. Il suffit de prononcer ce mot, “respirer”, et déjà le dehors accourt, attiré, aspiré, espéré à l’appel de la langue. »
Marielle Macé

« On manque d’oxygène, de santé, de paix, on manque de liens vrais, de justice et de joies. »
Marielle Macé – Respire

À lire – Marielle Macé, Respire, Verdier, 2023.

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Éric Fottorino – Mon enfant, ma sœur

Lecture par Emmanuel Noblet
Rencontre animée par Kerenn Elkaïm

Dans Dix-sept ans, Éric Fottorino évoquait le fantôme qui hantait le début de son roman familial : une petite fille née trois ans après lui et aussitôt arrachée à sa mère, Lina, puis adoptée dans la clandestinité d’une institution religieuse bordelaise. Mon enfant, ma sœur est d’abord la quête de cette inconnue. Ce monologue sensible, long poème en prose, se transforme peu à peu en une sidérante enquête qui conduira le narrateur sur la trace de sa sœur disparue. Éric Fottorino continue sa bouleversante recherche d’identité entamée en 1991 avec Rochelle, et poursuivie depuis avec Korsakov et L’homme qui m’aimait tout bas.

« chaque 10 janvier de sa vie
depuis soixante ans
maman reste couchée
elle te remet au monde
c’est de ça que je veux parler
de ça et de rien d’autre »
Éric Fottorino – Mon enfant, ma sœur

À lire – Éric Fottorino, Mon enfant, ma sœur, Gallimard, 2023.

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Neige Sinno – Triste tigre

Rencontre animée par Nelly Kaprièlian

Entre 7 et 14 ans, la petite Neige est violée régulièrement par son beau-père. La famille recomposée vit dans les Alpes, dans les années 90, et mène une vie de bohème un peu marginale. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné, à neuf ans de réclusion. Des années plus tard, Neige Sinno livre un récit déchirant sur ce qui lui est arrivé. Il ne s’agit pas seulement de l’histoire glaçante que le texte raconte, son histoire, une enfant soumise à des viols systématiques par un adulte qui aurait dû la protéger. Ce livre est un récit confession qui porte autant sur les faits et leur impossible explication que sur la possibilité de les dire, de les entendre. C’est une exploration autant sur le pouvoir que sur l’impuissance de la littérature. Pour se raconter, la narratrice doit interroger d’autres textes, d’autres histoires. Ici, nulle résilience. Aucun oubli ni pardon. Juste tenter de tenir debout et écrire son récit.

« La littérature ne m’a pas sauvée. Je ne suis pas sauvée. »
Neige Sinno – Triste tigre

À lire – Neige Sinno, Triste tigre, P.O.L., 2023.

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Sarah Chiche – Les alchimies

Lecture par l'autrice
Rencontre animée par Alain Nicolas

Camille Cambron est médecin légiste. Elle vit penchée sur des corps démunis et tenus au silence, tout comme finirent par l’être ceux de ses parents, d’éminents neurologues morts tragiquement lors d’une plongée lorsqu’elle était adolescente. Un mail va stopper net l’héroïne : il y est question du crâne volé du peintre Goya que les parents et le parrain de Camille cherchaient inlassablement… Quête et enquête : s’y dévoilent la figure de ces dingues passionnés et passionnants, aimants et troubles, déraisonnables et brûlants. Camille va enfin pouvoir regarder en face un héritage qui l’agissait mais lui échappait jusque-là. Le romanesque souffle haut dans Les alchimies, et c’est captivant de bout en bout.

À lire – Sarah Chiche, Les alchimies, Seuil, 2023.