La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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Aliène de Phœbe Hadjimarkos Clarke

Lecture par l'autrice & rencontre animée par Sylvie Tanette

Fauvel a perdu un œil suite à un tir de LBD. Elle accepte de garder la chienne du père d’une de ses amies dans une maison isolée à la campagne. Hannah n’est pas un chien comme les autres, c’est le clone d’une première Hannah, qui trône empaillée au milieu du salon. Elle suscite les peurs et les reproches muets du village, à mesure qu’on découvre au matin des animaux massacrés, et qu’elle-même rentre parfois ensanglantée.
Cette situation est le point de départ d’un récit de traque et de cauchemar délicatement progressif. Au fil d’une pseudo-enquête hallucinée, le roman explore les notions de domination, d’animalité et de violence. À travers la proximité, voire l’amalgame entre animaux et humains, Aliène questionne la nature de ce qui est caché, la vie animale, et surtout l’instinct de peur. Tel est le véritable fil du récit, rarement traité avec autant de nuance et de force.

« Ainsi il existe encore des lieux sur ce continent et dans ce pays qui est malencontreusement le mien, dans la mesure où cent fois préférable aurait été de naître apatride ou de ne pas naître du tout, il existe encore des lieux qui ressemblent à l’image idéale que l’on s’en fait. »
Phœbe Hadjimarkos Clarke, Aliène.

À lire – Phoebe Hadjimarkos Clarke, Aliène, éd. du sous-sol, 2024.

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On a peur mais ça va d’Andrea Thominot

Rencontre animée par Simon Paye

Avec On a peur mais ça va, prix de la Vocation 2023, Andrea Thominot signe son premier livre chez Cheyne éditeur. Dans ce texte, l’auteur abandonne le « je », devenu impersonnel et choisit le « on » pour porter la voix de la jeunesse d’aujourd’hui. Il imagine d’autres manières de parler du corps, de respirer, d’avancer. Sa poésie se fait l’écho de ces voix hésitantes, qui ne savent plus comment faire, qui se réveillent dans plusieurs corps. Ces voix qui doutent, heurtent, brûlent, cherchent la douceur et l’harmonie « on ne sait plus où ».

Dans On a peur mais ça va, il s’agit de tentatives. D’essayer et de s’essayer, sans certitude. De reprendre souffle. De reprendre courage aussi. Andrea Thominot donne voix à ce « on », à cette communauté qui redoute l’avenir. Mais avance coûte que coûte.

“on garde des secrets.
on se garde du temps en trop après minuit
on se garde un endroit sur la peau qu’on n’a jamais blessé
on a des recettes secrètes
avec du café, du poivre, de la menthe verte
on fait un poison qui nous soigne
on recrache de la terre qui s’est accumulée
dans nos poumons
on recrache la terre les racines la roche
on ne s’étouffe plus,
on peut presque dire qu’on respire.”
Andrea Thominot, On a peur mais ça va

À lire – Andrea Thominot, On a peur mais ça va, éd. Cheyne, 2023.

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Quitter Hurlevent de Laurence Werner David

Rencontre animée par Sébastien Rongier

Il est des romans qui sont des enquêtes aussi littéraires que psychanalytiques, des dialogues qui entremêlent les livres et les destins.
Lucie est psychiatre. Elle retrouve les traces d’un ancien patient, Hector. Elle décide de comprendre qui est la figure paternelle qui a détruit et hanté le jeune homme et découvre sur le chemin des landes anglaises, une histoire familiale, celle des Brontë qui mêle les névroses à la littérature, la nuit romantique à la fragilité des sentiments.
Par les lieux qu’il choisit, les zones d’ombres qu’il arpente mais aussi par la force des victoires intimes, Quitter Hurlevent est un roman sur la beauté et le danger de vivre.

Une soirée proposée par remue.net

« Fourrant ma montre dans ma poche, je m’assieds à la table de jeux. Maintenant j’ai tout mon temps pour savoir ce qu’il s’est passé cet après-midi du 4 juillet 2016, en bas de la colline de Hurlevent. »
Laurence Werner David, Quitter Hurlevent.

À lire
– Chez Quidam : Laurence Werner David, Quitter Hurlevent, 2024
– Un autre dieu pour Violette, réédition 2024.

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En glanant dans les champs désolés d’Eugène Green

Lecture par l’auteur
Rencontre animée par Victor Pouchet

En glanant dans les champs désolés est un choix de poèmes écrits par Eugène Green pendant les deux premières décennies du siècle présent. Le cinéaste et écrivain y cherche à renouer avec une certaine tradition poétique, qu’il a tenté de définir dans son essai En faisant, en trouvant (2022). Ces pièces tantôt lyriques, tantôt contemplatives, tantôt comiques, écrites en vers métriques, souvent avec des rimes, et même en utilisant des formes fixes, invitent le lecteur à les lire à haute voix, et sont fondées, comme les films de l’auteur, sur l’idée de la présence qui se révèle dans le verbe incarné.

Je suis né pauvre et nu, ce qui est très courant,
Mais je me suis trouvé sans langue ni pays,
Sans troupeau, sans berger, et sans ami,
Et ainsi j’ai zoné à travers mon enfance.
Dans ce désert je ne voyais de beau
Que les arbres, les fleurs, les animaux
Eugène Green, En glanant dans les champs désolés

À lire – Eugène Green, En glanant dans les champs désolés, Champ Vallon, 2023.

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Grand Seigneur de Nina Bouraoui

Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos

« Je ne sais pas ce que déclenche la mort d’un père, je ne sais pas si je vais me briser, me tordre ou grandir, m’élever. Je sais que je vais devenir une autre personne, j’espère être meilleure, progresser, j’espère ne jamais perdre ma douceur et mon étonnement sur le monde, j’espère que je saurai remplacer ce qui va désormais me manquer. (…) Il y aura une force nouvelle et inconnue parce que je ne veux pas tomber. »

Face à la douleur, Nina Bouraoui se tourne vers l’écriture, et mêle la vie de son père à la sienne. Tous les souvenirs reviennent de Paris à Alger, un art de jouer et d’aimer, une façon de vivre et d’observer. Nina Bouraoui raconte ce grand seigneur à l’existence hautement romanesque, et imagine les secrets qu’il emporte. C’est le bouleversant récit d’une perte et d’un rendez-vous par la mémoire et l’amour.

À lire – Nina Bouraoui, Grand Seigneur et Le désir d’un roman sans fin, J.C. Lattès 2024.