La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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François Bégaudeau – L’amour

Rencontre animée par Élisabeth Philippe

Années 70, dans une petite ville des pays de Loire. Jacques et Jeanne, issus d’un milieu modeste, se rencontrent à l’âge de 24 ans. « J’ai voulu raconter l’amour tel qu’il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même. » Le nouveau roman de François Bégaudeau tente un pari pour le moins intriguant : nous faire traverser la vie d’un couple, de la rencontre jusqu’à la disparition des conjoints, en… 80 pages. Moralité : une superbe réussite. À la force d’une désarmante empathie (et même de tendresse), l’auteur rend justice et surtout justesse aux Moreau. Ses « vies minuscules » à lui.

À lire – François Bégaudeau, L’amour, éd. Verticales, 2023.

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Ovidie – La chair est triste hélas

Lecture par l’auteure accompagnée de Position Parallèle
Rencontre animée par Kerenn Elkaïm
Lecture musicale & rencontre

« Ce texte n'est ni un essai, ni un manifeste. Il n'est en rien une leçon de féminisme ni un projet de société. (...) Je l'ai pensé comme une série d'uppercuts dans le vide, une gesticulation vaine, les babines retroussées d'un animal blessé qu'on n'ose aider à se redresser. Il est un vernis qui craquelle si on le gratte trop fort et qui laisse apparaître ma laideur et celle des autres, celle qu'on ne peut pas voir. Il est tout ce que je ne peux dire, tout ce que je m'interdis de verbaliser de peur que mes mots dépassent ma pensée. » Il est surtout un texte qui sème magnifiquement le trouble. Militante du mouvement pro-sexe dans les années 1990, l’autrice et réalisatrice Ovidie, figure féministe lumineuse, livre le récit sans fard de la trajectoire qui l’a conduite à sortir de la sexualité.

À lire – Ovidie, La chair est triste hélas, coll. « Fauteuse de trouble », Julliard, 2023.

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Didier Eribon – Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple

Rencontre animée par Antoine Idier

Il y a quelques années, la mère de Didier Eribon est entrée en maison de retraite. Après plusieurs mois au cours desquels elle a peu à peu perdu son autonomie physique et cognitive, Didier Eribon et ses frères ont dû se résoudre à l’installer, malgré ses réticences, dans un établissement médicalisé. Mais le choc de l’entrée en maison de retraite fut trop brutal et, quelques semaines seulement après son arrivée, elle y est décédée. Après la mort de sa mère, Didier Eribon reprend le travail d’exploration personnelle et théorique qu’il avait entrepris dans Retour à Reims après la mort de son père. Il analyse le déclin de sa mère, ce qui l’amène à réfléchir sur la vieillesse et la maladie, sur nos rapports aux personnes âgées et à la mort, mais aussi sur l’expérience du vieillissement. Il s’interroge également sur les conditions de l’accueil des personnes dépendantes. Il montre que si l’expérience du vieillissement nous est très difficile à penser, c’est parce qu’il s’agit d’une expérience-limite dans la philosophie occidentale, dont l’ensemble des concepts semblent se fonder sur une exclusion de la vieillesse. Eribon reparcourt également la vie de sa mère, et notamment les périodes où elle était femme de ménage, ouvrière puis retraitée, la saisissant dans toute sa complexité, de sa participation aux grèves à son racisme obsessionnel. Il conclut sa démarche en faisant de la vieillesse le point d’appui d’une réflexion sur la politique : comment pourraient se mobiliser des personnes qui n’ont plus de mobilité ni de capacité à prendre la parole et donc à dire « nous » ? Les personnes âgées peuvent-elles parler si personne ne parle pour elles, pour faire entendre leur voix ?

À lire – Didier Eribon, Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple, Flammarion, 2023.

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Hélène Frappat & Alice Diop

Rencontre animée par Sylvain Bourmeau

Alice Diop est réalisatrice. En 2022, elle réalise Saint Omer, film qui retrace le procès d’une mère qui en 2013 avait laissé sa fille de 15 mois sur une plage de Berck-sur-Mer. Avant cette première fiction, Alice Diop a réalisé plusieurs documentaires, dont Nous (2021), voyage, en suivant le tracé du RER B, dans ces lieux indistincts qu’on appelle la banlieue. Elle est membre du Collectif 50/50 qui œuvre à la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel.Dans son nouveau roman, Trois femmes disparaissent, Hélène Frappat s’intéresse à une lignée de stars hollywoodiennes, Tippi Hedren la grand-mère, la fille Melanie Griffith, et la petite fille Dakota Johnson. Une enquête sur la place des femmes à Hollywood, qui révèle les défis auxquels elles sont confrontées de génération en génération.

La réalisatrice et l’autrice se connaissent, elles ont travaillé ensemble autour de la sortie de Saint Omer. Cette soirée sera donc l’occasion de mettre à jour les échos et points de rencontres entre leurs thématiques et démarches respectives.

« Les absents sont les personnes ni vivantes, ni mortes, dont un jugement a constaté “la présomption d’absence” depuis dix ans, la personne ayant « cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa résidence, sans que l’on en ait eu de “nouvelles.” »
Trois femmes disparaissent, Hélène Frappat

À lire – Hélène Frappat, Trois femmes disparaissent, Actes Sud, 2023.

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La Cloche de détresse de Sylvia Plath

Lecture par Constance Dollé
Rencontre avec Jakuta Alikavazovic
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos

Esther Greenwood est folle de joie lorsqu’elle décroche un stage dans un magazine de mode new-yorkais. Mais entre les cocktails et les rédaction d’articles, la vie d’Esther commence à lui échapper, notamment lorsqu’elle apprend que le prestigieux atelier d’écriture auquel elle a postulé l’a refusée. Dans la langueur de l’été 1953, elle sombre dans une brutale dépression et se fait interner.
Ce roman semi-autobiographique de Sylvia Plath offre un regard intime, réaliste et déchirant sur la maladie mentale.
Célébré pour son humour noir et son portrait acéré de la société patriarcale des années 1950, ce roman continue de résonner auprès des lecteurs d’aujourd’hui.

« Le silence me déprimait. Ce n’était pas le silence du silence. C’était mon propre silence. »
La cloche de détresse, Sylvia Plath

À lire
– Sylvia Plath, La Cloche de détresse, préface de Jakuta Alikavazovic, trad. de l’anglais (États-Unis) par Caroline Bouet, éd. Denoël, 2023.
– Janet Malcolm, La Femme silencieuse – Sylvia Plath & Ted Hugues, trad. par J. Alikavazovic, éd. du sous-sol, 2023.