La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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Emmanuelle Salasc – Ni de lait, ni de laine

Rencontre animée par Fabien Heck

« La famille, tout le monde en a une, même ceux qui n’en ont pas, même ceux qui en ont plusieurs. La famille, c’est l’endroit au monde où on est le plus aimé, le plus haï, le plus protégé, le plus violenté, le plus soutenu, le plus abandonné, le plus nié, le plus encouragé, le plus cajolé, le plus admiré, le plus dénigré, le plus compris, le plus incompris. La famille est un superlatif. On y est seul, on y est nombreux. »

Emmanuelle Salasc propose une cinquantaine de nouvelles, parfois très brèves, parfois plus longues comme de véritables petits romans. Chacune saisit la tension secrète du lien familial qui unit et qui déchire, celle d’un amour immense et impossible. Certains textes atteignent la vérité d’un conte. D’autres ont la puissance d’une saga dont les héroïnes sont « les femmes de la famille », qui ont travaillé la laine, le lait, la terre.

À lire – Emmanuelle Salasc, Ni de lait, ni de laine, P.O.L., 2024

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Hervé Le Tellier – Le nom sur le mur

« Je ne suis pas l’ami d’André Chaix, et aurais-je d’ailleurs su l’être, moi que presque rien ne relie à lui ? Juste un nom sur le mur. Chaix était un résistant, un maquisard, un jeune homme à la vie brève comme il y en eut beaucoup.
Je ne savais rien de lui. J’ai posé des questions, j’ai recueilli des fragments d’une mémoire collective. Dans cette enquête, beaucoup m’a été donné par chance, presque par miracle, et j’ai vite su que j’aimerais raconter André Chaix.
Quatre-vingts années ont passé depuis sa mort. Mais à regarder le monde tel qu’il va, je ne doute pas qu’il faille toujours parler de l’Occupation, de la collaboration et du fascisme, du rejet de l’autre jusqu’à sa destruction. Ce livre donne la parole aux idéaux pour lesquels il est mort et questionne notre nature profonde, ce désir d’appartenir à plus grand que nous, qui conduit au meilleur et au pire. »
Hervé Le Tellier

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Yasmina Reza – On vient de loin

Lecture par André Marcon
Entretien mené par Agathe Novak-Lechevalier

Quelle que soit la forme narrative adoptée (théâtre, roman, récit), Yasmina Reza manie avec beaucoup de finesse et de subtilité l’art de mixer les genres, de montrer les multiples facettes d’une réalité, d’aborder avec une implacable lucidité des thèmes aussi universels que la fuite du temps, l’angoisse existentielle et la mort, la fragilité du moi, la solitude, le triomphe de la violence et la barbarie dans le monde contemporain. Dépeints comme des « tragédies drôles » et servis par une écriture ciselée et incisive, les textes réunis dans la présente édition sont de véritables tableaux de vanités contemporaines, à la frontière du comique et du tragique. En dévoilant des documents personnels rares et précieux, l’écrivain laisse entrevoir le pont entre sa vie et l’œuvre qu’elle bâtit depuis plus de trente ans, conviant le lecteur à un tête à tête exceptionnel.

On vient de loin.
On fait de notre mieux.
Mais parfois on ne sait pas ce qui nous prend.
Yasmina Reza, On vient de loin.

À lire – Yasmina Reza, On vient de loin, coll. « Quarto », Gallimard, 2024.

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Martin Rueff – Au bout de la langue

En dialogue avec Jean-Christophe Bailly

En français, le mot « langue » indique à la fois l’organe logé au creux de la bouche et la faculté de parole. On fait le pari que le rapport de l’un à l’autre n’a rien d’accidentel : tout comme la langue est le seul organe qui puisse sortir du corps, la langue que nous parlons est à la fois dedans et dehors. Une philosophie de l’expression se déduit de cette interrogation, ainsi qu’une poétique. Elles ne sont pas sans relation avec ce qui permet la liberté d’expression. Dans cette quête, on croise Aristote, des philosophes, des linguistes, des romanciers et des poètes, mais aussi un beat-boxer, quelques embrasseurs et Philomèle, dont la langue coupée dit la résistance multiple et opiniâtre. Avec elle, on va au bout de la langue.

À lire – Martin Rueff, Au bout de la langue, éd. NOUS, 2024.

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Zadie Smith – L’imposture

Rencontre animée par Olivia Gesbert
Interprète : Marguerite Capelle

Le premier roman historique écrit par Zadie Smith, inspiré de faits réels, se déroule à la fin du XIXe siècle. Le personnage principal, Mrs Touchet, est une veuve avant l’heure qui a construit son existence auprès de son cousin William Ainsworth, écrivain raté qui se rêve aussi célèbre que ses amis : Dickens, Forster, Kenealy. Abolitioniste, féministe, engagée pour toute cause qu’elle considère juste, Mrs Touchet, comme toute l’Angleterre des années 1870, se prend de passion pour l’affaire Tichborne : Arthur Orton, un boucher originaire de Wapping, récemment revenu d’un long voyage en Jamaïque, prétend être Sir Roger Tichborne, l’héritier de feu le baron de Tichborne, disparu en mer des années plus tôt. Son témoin le plus fidèle est Andrew Bogie, ancien esclave originaire de Jamaïque, qui fascine Mrs Touchet. Avec la plume percutante de Zadie Smith, on découvre une société anglaise qui se ment à elle-même et qui est encore loin d’avoir résolu son passé colonial.

À lire – Zadie Smith, L’imposture, trad. de l’anglais (Royaume-Uni) par Laetitia Devaux, Gallimard, 2024.