La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

En cours de lecture

Véronique Ovaldé – Personne n’a peur des gens qui sourient

Invitée : Jeanne Cherhal

Gloria a choisi ce jour de juin pour partir. Elle file récupérer ses filles à l’école et les embarque sans préavis pour un long voyage. Toutes trois quittent les rives de la Méditerranée en direction du Nord, la maison alsacienne dans la forêt de Kayserheim où Gloria, enfant, passait ses vacances. Pourquoi cette désertion soudaine ? Quelle menace fuit-elle ? Dans ce roman sous haute tension, Véronique Ovaldé met en scène un fascinant personnage de mère dont l’inquiétude face au monde se mue en un implacable sang-froid pour l’affronter.

Ce nouveau livre, l’auteur l’a écrit des chansons plein la tête. Et, notamment, celles du dernier album de Jeanne Cherhal, « Histoire de J. ». Elle nous a donc proposé de venir lire des extraits ce soir et d’inviter la chanteuse à interpréter quelques morceaux de son répertoire qui l’ont inspirée.

À lire – Véronique Ovaldé, Personne n’a peur des gens qui sourient, Flammarion, 2019.

En cours de lecture

Laura Vazquez – Le livre du large et du long

Une épopée versifiée, imaginée comme une exploration du monde par les actions, les gestes, les aventures. La narratrice vit des scènes et des idées dans son esprit et en dehors, à toute allure. Elle est tour à tour et à la fois : folle, amoureuse, malade, sage, inquiète, calmée. Un livre comme une encyclopédie incarnée, libre et subjective, une lecture et une auscultation du monde, allant des plus petites choses : la peau, les insectes, les atomes ; au plus larges : les populations humaines, la guerre, les ciels. Des choses les plus intérieures : les sensations, les questionnements personnels ; aux choses les plus matérielles : la médecine, l’anatomie, l’architecture. Une foi dans le langage rendu à sa force et à sa netteté, un vif désespoir éclatant, un humour et une vivacité, un livre aussi troublant que réjouissant.

À lire – Laura Vazquez, Le livre du large et du long, éd. du sous-sol, 2023.

En cours de lecture

Jean-Michel Maulpoix – Le jardin sous la neige

Rencontre animée par Nicolas Dutent

Après L’hirondelle rouge (2017) et Le jour venu (2020), Le jardin sous la neige est le troisième temps d’un parcours lyrique en prose où se fait pas à pas plus poignante l’angoisse du vieillissement et de la disparition. Les mêmes motifs s’y recreusent et les coups de boutoir du temps contre le désir y sont plus cruels. Une tristesse plus noire y rôde jusqu’aux Enfers. Mais l’écriture ne s’en tient pas à ces chemins désolés : elle ramène de l’espérance et de la lumière en faisant tomber sur le papier une neige apaisante, longtemps espérée, et comme revenue du fond de l’enfance. Cette blancheur couvre la terre noire du jardin où la mort travaille sourdement ; elle épure et éclaire. D’autant qu’elle ne vient pas seule : en même temps que l’enfance, elle apporte avec elle le souvenir de poètes aimés, dont les voix se font écho tout au long de ce livre.

Jean-Michel Maulpoix est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages poétiques. Il a été couronné par le prix Goncourt de la poésie en 2022 pour son recueil Rue des fleurs.

« À la saison froide, on parle à l’abîme, on se tient très près de l’oreille des morts. On les sent qui frissonnent au fond de soi. Ils appellent. Auraient-ils donc peur ? Doit-on aller les rassurer, coller la bouche contre la pierre ? Hochant parfois la tête, on acquiesce à l’inévitable. À la saison froide, après le désarroi, survient l’effroi. »
Le jardin sous la neige, Jean-Michel Maulpoix

À lire – Jean-Michel Maulpoix, Le jardin sous la neige, Mercure de France, 2023.

En cours de lecture

Stéphanie Kalfon – Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau

Lecture par l’auteure accompagnée de Marc Collin
Rencontre animée par Amélie Cordonnier

« Pour me consoler, la petite fille revenue de la nuit pose sa main sur mon épaule, je la saisis mécaniquement : elle est fraîche et potelée, mais ce geste ne suffit pas à dissiper mes doutes. On pourra bien me dire que cette enfant a gardé son visage de la veille, que sa voix désordonnée reste inimitable, que cette pâleur dans les yeux c’est tout elle, comparer ne mène à rien. Cette enfant n’est pas la mienne. »

Emma, la narratrice de ce roman, raconte le trouble qui la saisit en revoyant sa fille Nina, disparue plusieurs heures un soir de septembre. Quelque chose dissone dans leurs retrouvailles, un « presque-rien », provoquant chez Emma une vrille qui nous plonge dans une vertigineuse incertitude.

« Avant la naissance de ma fille, je ne connaissais pas la taille de mes rêves, je veux dire, leurs dimensions réelles. Grâce à sa présence, j’ai pu mesurer leurs étroitesses, leurs immensités et, parfois aussi, leurs inaccomplis. »
Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau, Stéphanie Kalfon

À lire – Stéphanie Kalfon, Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau, éd. Verticales, 2023.

En cours de lecture

Sara Bourre – Maman, la nuit

Lecture par l'auteure accompagnée de Mathias Bourre & Alistair Brown

« Maman a disparu. C’est pas simple. Il a fallu le redire plusieurs fois, décomposer la phrase, la prendre et la secouer. Maman a disparu. Quelle folie de phrase. Si je la chuchote, les larmes me montent et me brûlent, si je la prononce avec une voix de fer, comme un vieux robot fatigué, ma-man-a-dis-pa-ru ma-man-a-dis-pa-ru, ça me fout la chair de poule et l’impression d’une catastrophe planétaire imminente. (…) Si je la crie si fort que ma voix casse, alors je crois que ce n’est plus vraiment triste. Pas aussi triste que ça. Je dirais plutôt affolant. Sidérant. Ou encore stupéfiant. Voilà. C’est affolant sidérant stupéfiant et ça me rend le cœur dingue, et étrangement vivant aussi. »

L’enfant écoute tout, observe tout, et avant toute chose sa mère, une fascination qui oscille entre haine et passion. Un jour, sa mère disparaît. Alors, que va-t-elle devenir ?

À lire – Sara Bourre, Maman, la nuit, éd. Noir sur Blanc, Coll. Notabilia 2023.