La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

En cours de lecture

Didier Eribon – Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple

Rencontre animée par Antoine Idier

Il y a quelques années, la mère de Didier Eribon est entrée en maison de retraite. Après plusieurs mois au cours desquels elle a peu à peu perdu son autonomie physique et cognitive, Didier Eribon et ses frères ont dû se résoudre à l’installer, malgré ses réticences, dans un établissement médicalisé. Mais le choc de l’entrée en maison de retraite fut trop brutal et, quelques semaines seulement après son arrivée, elle y est décédée. Après la mort de sa mère, Didier Eribon reprend le travail d’exploration personnelle et théorique qu’il avait entrepris dans Retour à Reims après la mort de son père. Il analyse le déclin de sa mère, ce qui l’amène à réfléchir sur la vieillesse et la maladie, sur nos rapports aux personnes âgées et à la mort, mais aussi sur l’expérience du vieillissement. Il s’interroge également sur les conditions de l’accueil des personnes dépendantes. Il montre que si l’expérience du vieillissement nous est très difficile à penser, c’est parce qu’il s’agit d’une expérience-limite dans la philosophie occidentale, dont l’ensemble des concepts semblent se fonder sur une exclusion de la vieillesse. Eribon reparcourt également la vie de sa mère, et notamment les périodes où elle était femme de ménage, ouvrière puis retraitée, la saisissant dans toute sa complexité, de sa participation aux grèves à son racisme obsessionnel. Il conclut sa démarche en faisant de la vieillesse le point d’appui d’une réflexion sur la politique : comment pourraient se mobiliser des personnes qui n’ont plus de mobilité ni de capacité à prendre la parole et donc à dire « nous » ? Les personnes âgées peuvent-elles parler si personne ne parle pour elles, pour faire entendre leur voix ?

À lire – Didier Eribon, Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple, Flammarion, 2023.

En cours de lecture

Hélène Frappat & Alice Diop

Rencontre animée par Sylvain Bourmeau

Alice Diop est réalisatrice. En 2022, elle réalise Saint Omer, film qui retrace le procès d’une mère qui en 2013 avait laissé sa fille de 15 mois sur une plage de Berck-sur-Mer. Avant cette première fiction, Alice Diop a réalisé plusieurs documentaires, dont Nous (2021), voyage, en suivant le tracé du RER B, dans ces lieux indistincts qu’on appelle la banlieue. Elle est membre du Collectif 50/50 qui œuvre à la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel.Dans son nouveau roman, Trois femmes disparaissent, Hélène Frappat s’intéresse à une lignée de stars hollywoodiennes, Tippi Hedren la grand-mère, la fille Melanie Griffith, et la petite fille Dakota Johnson. Une enquête sur la place des femmes à Hollywood, qui révèle les défis auxquels elles sont confrontées de génération en génération.

La réalisatrice et l’autrice se connaissent, elles ont travaillé ensemble autour de la sortie de Saint Omer. Cette soirée sera donc l’occasion de mettre à jour les échos et points de rencontres entre leurs thématiques et démarches respectives.

« Les absents sont les personnes ni vivantes, ni mortes, dont un jugement a constaté “la présomption d’absence” depuis dix ans, la personne ayant « cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa résidence, sans que l’on en ait eu de “nouvelles.” »
Trois femmes disparaissent, Hélène Frappat

À lire – Hélène Frappat, Trois femmes disparaissent, Actes Sud, 2023.

En cours de lecture

La Cloche de détresse de Sylvia Plath

Lecture par Constance Dollé
Rencontre avec Jakuta Alikavazovic
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos

Esther Greenwood est folle de joie lorsqu’elle décroche un stage dans un magazine de mode new-yorkais. Mais entre les cocktails et les rédaction d’articles, la vie d’Esther commence à lui échapper, notamment lorsqu’elle apprend que le prestigieux atelier d’écriture auquel elle a postulé l’a refusée. Dans la langueur de l’été 1953, elle sombre dans une brutale dépression et se fait interner.
Ce roman semi-autobiographique de Sylvia Plath offre un regard intime, réaliste et déchirant sur la maladie mentale.
Célébré pour son humour noir et son portrait acéré de la société patriarcale des années 1950, ce roman continue de résonner auprès des lecteurs d’aujourd’hui.

« Le silence me déprimait. Ce n’était pas le silence du silence. C’était mon propre silence. »
La cloche de détresse, Sylvia Plath

À lire
– Sylvia Plath, La Cloche de détresse, préface de Jakuta Alikavazovic, trad. de l’anglais (États-Unis) par Caroline Bouet, éd. Denoël, 2023.
– Janet Malcolm, La Femme silencieuse – Sylvia Plath & Ted Hugues, trad. par J. Alikavazovic, éd. du sous-sol, 2023.

En cours de lecture

Maylis de Kerangal – « Rouge »

Lecture par l’autrice

À l’occasion d’un prix littéraire canadien qui lui a été attribué, Maylis de Kerangal a été invitée à composer un recueil de textes : c’est cet Archipel qui paraît aujourd’hui. Y sont rassemblés des fictions, des essais et des récits, des « îles » aux formes et histoires différentes, qui tiennent ensemble par une unité sous-jacente, un « même climat, un même idiome, une même origine géologique. » En ouverture, la novela « Rouge » serait l’île principale où s’ancre la langue, sa possibilité d’exploration et de suspension. La narratrice y déploie un souvenir, une expérience personnelle vécue à la fin des années 1980 d’un dimanche où elle a été embauchée comme hôtesse à l’hippodrome de Longchamp.

Différencier, spécifier, individualiser : il s’agit toujours d’en découdre avec les généralités, de rompre avec les stéréotypes qui débrident la haine, là où singulariser apporte l’affect qui la combat.
“Danseurs, plongeurs, descripteurs” – Un archipel, Maylis de Kerangal

À lire – Maylis de Kerangal, Un archipel. Fiction, récits, essais, Les Presses de l’Université de Montréal, 2023.

En cours de lecture

« Dans la splendeur d’une nuit haïtienne » avec Dany Laferrière

« J’ai toujours rêvé d’une biographie qui exclurait les dates et les lieux pour ne tenir compte que des émotions ou des sensations, mêmes fugaces. La première fois que j’ai vu une libellule. La fois que je suis entré dans la mer en ignorant qu’il fallait savoir nager. La fois que j’ai assisté à l’exécution d’un prisonnier politique près du cimetière de Port-au-Prince. Le dernier regard de ma mère me voyant partir en exil. Ma première promenade dans la cour de l’Académie. Et toutes les fois que j’ai regardé dans un ciel étoilé en espérant trouver la Niña Estrellita. »
Dany Laferrière

Dany Laferrière nous entraîne dans une merveilleuse lecture-conférence-projection avec sa poésie et ses poètes préférés. Une façon joyeuse de saluer un parcours exceptionnel d’écrivain (37 livres et de multiples distinctions depuis 1985) et de conjuguer un compagnonnage ainsi que nos anniversaires : il y a dix ans tout juste il ouvrait la programmation de la Maison de la Poésie devenue “scène littéraire”, il y a dix ans également, il entrait à l’Académie Française. Pardon pour les dates, place à l’émotion.

« Je marcherai
s’il le faut
toute la nuit
afin de me
rendre disponible
à l’imprévu. »
Dans la splendeur de la nuit, Dany Laferrière

À lire
– Dany Laferrière, Vers d’autres rives, éd. de l’Aube 2019
– Dans la splendeur de la nuit, Points, 2022
– Petit traité du racisme en Amérique, Grasset, 2023.