La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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Neige Sinno – Triste tigre

Rencontre animée par Nelly Kaprièlian

Entre 7 et 14 ans, la petite Neige est violée régulièrement par son beau-père. La famille recomposée vit dans les Alpes, dans les années 90, et mène une vie de bohème un peu marginale. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné, à neuf ans de réclusion. Des années plus tard, Neige Sinno livre un récit déchirant sur ce qui lui est arrivé. Il ne s’agit pas seulement de l’histoire glaçante que le texte raconte, son histoire, une enfant soumise à des viols systématiques par un adulte qui aurait dû la protéger. Ce livre est un récit confession qui porte autant sur les faits et leur impossible explication que sur la possibilité de les dire, de les entendre. C’est une exploration autant sur le pouvoir que sur l’impuissance de la littérature. Pour se raconter, la narratrice doit interroger d’autres textes, d’autres histoires. Ici, nulle résilience. Aucun oubli ni pardon. Juste tenter de tenir debout et écrire son récit.

« La littérature ne m’a pas sauvée. Je ne suis pas sauvée. »
Neige Sinno – Triste tigre

À lire – Neige Sinno, Triste tigre, P.O.L., 2023.

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Sarah Chiche – Les alchimies

Lecture par l'autrice
Rencontre animée par Alain Nicolas

Camille Cambron est médecin légiste. Elle vit penchée sur des corps démunis et tenus au silence, tout comme finirent par l’être ceux de ses parents, d’éminents neurologues morts tragiquement lors d’une plongée lorsqu’elle était adolescente. Un mail va stopper net l’héroïne : il y est question du crâne volé du peintre Goya que les parents et le parrain de Camille cherchaient inlassablement… Quête et enquête : s’y dévoilent la figure de ces dingues passionnés et passionnants, aimants et troubles, déraisonnables et brûlants. Camille va enfin pouvoir regarder en face un héritage qui l’agissait mais lui échappait jusque-là. Le romanesque souffle haut dans Les alchimies, et c’est captivant de bout en bout.

À lire – Sarah Chiche, Les alchimies, Seuil, 2023.

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Chloé Delaume – Pauvre folle

Lecture par l'autrice
Rencontre animée par Elisabeth Philippe
Dans toutes les histoires d’amour se rejouent les blessures de l’enfance : on guérit ou on creuse ses plaies.

Pour comprendre la nature de sa relation avec Guillaume, Clotilde Mélisse observe les souvenirs qu’elle sort de sa tête, le temps d’un voyage en train direction Heidelberg. Tandis que par la fenêtre défilent des paysages de fin du monde, Clotilde revient sur les événements saillants de son existence. La découverte de la poésie dans la bibliothèque maternelle, le féminicide parental, l’adolescence et ses pulsions suicidaires, le diagnostic posé sur sa bipolarité. Sa rencontre, dix ans plus tôt, avec Guillaume, leur lien épistolaire qui tenait de l’addiction, l’implosion de leur idylle au contact du réel. Guillaume est revenu mais cela ne change en rien la donne : il est toujours gay, et qui plus est en couple. Aussi Clotilde espère, au gré des arrêts de gare, trouver une solution d’ici le terminus.

« Ça ne sert qu’à ça, se guérir de l’enfance, au fond, les histoires d’amour. »
Chloé Delaume, Pauvre folle

À lire – Chloé Delaume, Pauvre folle, Seuil, 2023.

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Olivier Adam – Personne n’a besoin de savoir

Lecture par l’auteur & Julien Adam

« partout je me suis toujours cherché / mais j’ai toujours veillé / à ne jamais me trouver / de peur de me faire mal / de me faire la peau / de me régler enfin / mon compte. » Il y a l’empreinte d’un Georges Perros dans cette façon de se regarder en face. Franche. Désolée. Il y a surtout le premier et très inspiré recueil de poèmes d’Olivier Adam, fragments murmurés d’une « contrevie ». Du passé bien passé, bien perdu. Des manquements, des remords, des incompréhensions, des impossibilités à jouer la comédie. Ce rôle-là, il ne le tient pas « de travers ». Tout au contraire : c’est sa peau.

À lire – Olivier Adam, Personne n’a besoin de savoir, éd. Bruno Doucey, 2023.

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Regards croisés sur la poésie britannique contemporaine

Avec Martine De Clercq, Pascale Petit, Stephen Romer & Valérie Rouzeau
Rencontre animée par Jacques Darras

Il flotte un air de rébellion sauvage sur l’Angleterre contemporaine. Des forces anciennes longtemps réprimées semblent s’être tout à coup libérées, bousculant l’une des démocraties les plus vieilles au monde. Une rupture s’est créée avec le Continent comme si l’espace juridique romain de la nouvelle Europe ne convenait plus à une nation où la Constitution se confond avec la Coutume. Simultanément un long régime monarchique fondé sur la réserve et la mesure prenait fin avec la mort de sa souveraine. Est-ce que la poésie britannique des dernières décennies avait anticipé ces chocs ? C’est ce que nous examinerons ce soir, en faisant entendre les textes de l’anthologie L’île rebelle, choisis et traduits par Martine De Clercq, et en écoutant les commentaires de deux des cinquante poètes anglais présents dans l’anthologie, Pascale Petit et Stephen Romer. La première, de père français et de mère galloise, a choisi d’écrire le poème en anglais. Dans son tout récent recueil Fauverie (Le Castor Astral), traduit par Valérie Rouzeau et préfacé par Martine De Clercq, elle aborde le sujet douloureux et grave de l’inceste qu’elle transcende héroïquement par la métaphore. Le second, Stephen Romer, le plus Français des poètes anglais puisqu’il a longtemps enseigné la littérature anglaise à l’Université de Tours tout en restant en contact avec Oxford, est un érudit subtil, passeur entre autres d’Yves Bonnefoy en anglais. Nous leur demanderons si l’humour serait plus que jamais la forme britannique de maintenir la « sauvagerie » de la société à distance ?
Jacques Darras

À lire – L’île rebelle. Anthologie de poésie britannique au tournant du XXIᵉ siècle, trad. de l’anglais par Martine De Clercq et Jacques Darras, édition de Martine De Clercq, préface de Jacques Darras, Poésie/Gallimard, 2022.
Pascale Petit, Fauverie, trad. de l’anglais par Valérie Rouzeau, préface par Martine De Clercq, Le Castor Astral, 2014, rééd. 2023.
Stephen Romer, Le fauteuil jaune, trad. de l’anglais par Gilles Ortlieb et Antoine Jaccottet, éd. Le bruit du temps, 2022.