La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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Mathieu Lindon – Une archive

Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos

« Je suis une archive à moi tout seul », déclare ici Mathieu Lindon avec ironie. Il se raconte donc comme archive vivante témoignant de son père, Jérôme Lindon, directeur des éditions de Minuit de 1948 jusqu’à sa mort en 2001, de sa famille et de la « famille des auteurs », dont Sam (Samuel Beckett), Alain Robbe-Grillet, Marguerite Duras, Jean Echenoz, et beaucoup d’autres. C’est un livre qui parle de passion, d’amour et de famille, de pouvoir, de succession et de transmission, de génie, de bonté, d’héroïsme, de ruse et de méchanceté. L’archive en question, c’est la vie d’un petit garçon qui n’a connu que les livres, l’édition, l’écriture. Et qui lui-même devient écrivain. Avec une sincérité sans concession, souvent drôle, parfois féroce, Mathieu Lindon livre un formidable portrait de son père, et de sa relation avec Samuel Beckett notamment, de la vie littéraire et de la vie politique de ces années-là. Il restitue les souvenirs des uns et des autres, pendant l’Occupation, à la Libération, puis l’engagement pendant la guerre d’Algérie. Mais il offre surtout un récit personnel sur l’amour des écrivains et de la littérature, tout en dressant un portrait familial intime qui atteint alors une vérité collective.

À lire – Mathieu Lindon, Une archive, P.O.L., 2023.

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Justine Augier – Croire. Sur les pouvoirs de la littérature

Rencontre animée par Sophie Joubert

« Dans un temps d’enfermement et de suspens qui rendait curieusement attentif aux dangers de l’époque, l’envie d’écrire sur la littérature et ses pouvoirs m’a traversée une première fois. Elle naissait d’une croyance familière bien qu’intermittente en la puissance de la littérature face à ce qui enferme, écrase le temps, les identités, la langue, les possibles, les luttes et les espoirs. (…) Puis, à mesure que la vie a repris son cours, cette foi a peu à peu faibli, a fini par perdre de son aura brûlante, et j’ai mis de côté les quelques pages écrites. L’hiver suivant, mon envie s’est imposée de nouveau. Cinq mois plus tôt, nous avions découvert que ma mère souffrait d’une leucémie dont elle allait mourir un mois plus tard. (…) Lors d’une visite, j’ai évoqué l’envie qui m’avait traversée et, des semaines plus tard, alors que nous pressentions une rechute après des mois de rémission, alors que nous attendions dans la chambre les résultats d’une analyse devant confirmer nos craintes, elle a prononcé ces mots : Il faut que tu l’écrives, ce livre sur la littérature et ses pouvoirs. »
Justine Augier

À lire – Justine Augier, Croire. Sur les pouvoirs de la littérature, Actes Sud, 2023.

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« Parler avec les rivières » avec Jacques Darras & Pierre Vinclair

Parler avec les rivières. Plutôt que des rivières ou aux rivières. Les rivières sont naturellement bavardes mais nous ne les écoutions pas. Très peu de rivières dans les poèmes ou les romans jusqu’alors. Or, il a fallu qu’elles s’assèchent, soudain l’été dernier – comme si elles faisaient unanimement grève tout à coup ! — pour que nous les entendions. Les rivières, les fleuves sont pourtant depuis toujours notre respiration extérieure. Nos propres corps sont faits d’eau et participent par conséquent au grand circuit de l’eau. Ne pas l’entendre alimentait à notre insu notre sècheresse. Les deux poètes parleront parallèlement l’un à l’autre mais aussi en confluence. Ils partent de sources différentes. Le premier, l’aîné, Jacques Darras conduit depuis plus de quarante ans un cycle de 8 poèmes, achevé en 2022, irrigué par un petit fleuve côtier de la Manche, la Maye. Il vient de publier un recueil de 20 gouaches et 20 poèmes « Je suis une rivière » où il déplore et chante à la fois la fragilité menacée de son héroïne. Son cadet Pierre Vinclair, a vécu en résidence dans la presqu’île de Singapour sur les rives de la Singapore River, la suivant, la décrivant, la dépliant dans un court livre, Bumboat, publié dans la collection « Les Passeurs d’Inuits », que dirige Jacques Darras. Au contraire de la Maye, la Singapore River est une rivière urbaine, marchante, marchande, dont Pierre dresse un portrait objectif, pour ne pas dire objectiviste. Soit la rencontre de deux littératures aux antipodes l’une de l’autre.
Jacques Darras

l’eau verte épaisse où le
soleil se prend les pieds
dans ses rayons comme un vinyle d’eau renversée
et l’on descend avec
le hoquet de l’histoire
le peuple hirsute des
quatre coins de l’Asie venu
faire du milieu fructifier
l’argent le long
de la rivière et dans le temps
Pierre Vinclair, Bumboat

À lire – Jacques Darras, Le Chœur maritime de la Maye, Le Castor Astral, 2022
– Je suis une rivière, éditions de la librairie du labyrinthe, 2022 – Quatre à quatre vers le Nord, Cours toujours éditions, 2022. Pierre Vinclair, Bumboat, coll. « Les Passeurs d’Inuits », Le Castor Astral, 2022, L’éducation géographique, Flammarion, 2022.

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Marie-Hélène Lafon – Les sources

Rencontre animée par Sylvie Tanette

La cour est vide. La maison est fermée. Claire sait où est la clef, sous une ardoise, derrière l’érable, mais elle n’entre pas dans la maison. Elle n’y entrera plus. Elle serait venue même sous la pluie, même si l’après-midi avait été battue de vent froid et mouillé comme c’est parfois le cas aux approches de la Toussaint, mais elle a de la chance ; elle pense exactement ça, qu’elle a de la chance avec la lumière d’octobre, la cour de la maison, l’érable, la balançoire, et le feulement de la Santoire qui monte jusqu’à elle dans l’air chaud et bleu.

Années 1960. Isabelle, Claire et Gilles vivent dans la vallée de la Santoire, avec la mère et le père. La ferme est isolée de tous.

À lire – Marie-Hélène Lafon, Les sources, éd. Buchet-Chastel, 2023.

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Jennifer Haigh – Mercy Street

Rencontre animée par Elise Lépine
Interprète : Marie Furthner

Dans la ville de Boston, la clinique de Mercy Street offre un nouveau départ aux femmes désireuses d’avorter. C’est là que Claudia travaille depuis des années. Chaque jour, elle affronte la peur et la détresse de nombreuses patientes aux destinées bouleversées. À cela s’ajoute la détermination des militants anti-avortement dont la présence quotidienne aux alentours de la clinique rend l’ambiance tendue, sinon dangereuse. Pour faire face à cette pression constante, Claudia fréquente un sympathique dealer d’herbe, Timmy, qui compte parmi ses clients un jeune homme introverti et solitaire. Sur une plateforme en ligne, ce dernier se met au service d’un gourou pro-vie qui commence à développer une fixation sur Claudia.Poignant, juste et d’une actualité brûlante, Mercy Street explore les ambiguïtés et les failles d’une société au bord de l’explosion. Un livre salué par l’enthousiasme de Richard Ford “Jennifer Haigh est la meilleure romancière de notre époque” dit-il.

À lire – Jennifer Haigh, Mercy Street, trad. de l’anglais (États-Unis) par Janique Jouin-de Laurens, éd. Gallmeister, 2023.