La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

En cours de lecture

DOMINIQUE FOURCADE – VOUS M’AVEZ FAIT CHERCHER

Accompagné de Sophie Pailloux-Riggi & Hadrien France-Lanord
Rencontre animée par Francesca Isidori

Vous m’avez fait chercher est un livre « total », un univers intime, poétique et politique qui réunit dans un acte littéraire profond poèmes et images, pour « donner la réverbération d’un monde » – celui de l’écriture de Dominique Fourcade. Deux grands poèmes inédits articulent l’ensemble : feston (qui court tout au long du livre) et cantate pour François et pour Gérard (longue élégie sur l’amitié et la disparition, au cœur du livre). Mais le livre s’invente page par page en convoquant des images qui, dans leur interaction, investissent l’écriture et l’espace du livre. Aucune « illustration » mais des séquences chargées de déclencher des réactions en chaîne. Aucune nostalgie du passé mais des « évidences intemporelles et rayonnantes ». C’est le livre d’une œuvre qui ne cesse jamais de se faire, et se défaire, de se parler et de nous parler. Nous, c’est-à-dire les images, les œuvres, les mots, les poèmes, les actes, les souvenirs et les pensées ultra contemporaines.

À lire – Dominique Fourcade, Hadrien France-Lanord & Sophie Pailloux-Riggi, Vous m’avez fait chercher, POL, 2021.

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MADAME HAYAT DE AHMET ALTAN

Avec Laurent Gaudé, Julien Lapeyre de Cabanes & Timour Muhidine
Lecture par Sophie Bourel
Rencontre animée par Sophie Joubert

Fazıl, le jeune narrateur de ce livre, part faire des études de lettres loin de chez lui. Devenu boursier après le décès de son père, il loue une chambre dans une modeste pension, un lieu fané où se côtoient des êtres inoubliables à la gravité poétique, qui tentent de passer entre les mailles du filet d’une ville habitée de présences menaçantes. Au quotidien, Fazıl gagne sa vie en tant que figurant dans une émission de télévision, et c’est en ces lieux de fictions qu’il remarque une femme voluptueuse, vif-argent, qui pourrait être sa mère. Parenthèse exaltante, Fazıl tombe éperdument amoureux de cette Madame Hayat qui l’entraîne comme au-delà de lui-même. Pour celui qui se souvient que ce livre – charge politique et grand roman d’amour – a été écrit en prison, l’émotion est décuplée.

En l’absence de l’auteur (remis en liberté après une longue détention mais dans l’incapacité de sortir de son pays), il sera évoqué par l’écrivain Laurent Gaudé, par son traducteur Julien Lapeyre de Cabanes et par son éditeur Timour Muhidine. La lecture d’extraits par Sophie Bourel complètera cette soirée de soutien et d’admiration pour son œuvre.

À lire – aux éd. Actes Sud : Ahmet Altan, Madame Hayat, Prix Femina étranger, Actes Sud, 2021 – Je ne reverrai plus le monde, coll. « Babel » , 2019.

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DANS LE CERVEAU DES COMÉDIENS

Anouk Grinberg en dialogue avec Lionel Naccache (neurologue)
Rencontre animée par Francesca Isidori

« Je joue depuis quarante ans, me suis appelée de beaucoup de noms, me suis retrouvée dans la peau d’une mystique, d’une tortue, d’une vieille femme, d’amoureuses, d’un tyran… Pendant toutes les années où j’ai joué et regardé les autres faire, je ne pouvais pas m’empêcher de me demander ce qu’on faisait vivre à nos cerveaux. C’étaient des partenaires fantastiques pour s’échapper de nous-mêmes, mais je me demandais ce qu’ils vivaient quand ils sautaient comme des pop-corn dans la vie des autres.

Alors j’ai questionné des comédiens pour savoir ce qui se passe dans leur tête et leur corps quand ils jouent, et je suis allée à la rencontre de scientifiques pour leur demander de m’aider à comprendre ce qui se passe dans nos cerveaux quand on devient un autre. Au Palais de la science, j’ai poussé mon caddie.

J’ai compris qu’il était impossible de comprendre ce qui se passe dans un cerveau qui joue sans comprendre comment fonctionne le cerveau à l’état normal. Rien n’est comme on croit dans la vie. Le cerveau est si cocasse. J’ai compris tant de nos bizarreries humaines, que j’ai eu envie de partager ce trésor, qui finalement nous rassemble. »

Anouk Grinberg

À lire – Anouk Grinberg, Dans le cerveau des comédiens, éd. Odile Jacob, 2021.

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DANY LAFERRIÈRE – SUR LA ROUTE AVEC BASHÔ

Rencontre animée par Sophie Joubert

Dans le cadre du festival Paris en toutes lettres

Sur la route avec Bashô suit la méthode nonchalante et néanmoins réfléchie de Bashô, le moine-poète japonais du XVIIe siècle, une des inspirations constantes de l’auteur. Le narrateur parcourt le monde d’aujourd’hui, de l’Amérique au Japon en le prenant par surprise. Il admire, il se remémore, il ressent. Des dessins accompagnent le texte, qui sont peut-être la rêverie de ce narrateur « dans ce monde sans pitié ». Voyageant dans le monde contemporain, il ne peut que constater que la menace est partout. Dessinant ce qu’il voit, le narrateur écrit aussi des mots : « Black lives matter ». « Un nègre est un homme et tout homme est un nègre », dit-il au début de sa pérégrination. Son intention n’est pas de changer le monde, « simplement d’y vivre ». Et l’on comprend alors que, comme le disait Pavese, c’est un métier de vivre.

Heureusement, il y a la littérature, le jazz, les femmes élégantes, les cafés et les fleurs. Il y a encore des rayons de soleil.

À lire – Dany Laferrière, Sur la route avec Bashô, Grasset, 2021.

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GWENAËLLE AUBRY – SAINT PHALLE, MONTER EN ENFANCE

Par l’auteure, Marianne Denicourt & Theo Hakola

Dans le cadre du festival Paris en toutes lettres

« Saint Phalle ne pleure pas (ou juste des pierres)… »

Gwenaëlle Aubry nous entraîne dans la vie et l’œuvre d’une artiste meurtrie qui choisit de créer au lieu de détruire, se déclara « à jamais solidaire de tous ceux que la société et la loi excluent et écrasent. » Une œuvre conçue à l’inverse d’un trompe l’œil puisqu’elle donnait à voir jusqu’à l’obscène. Question de survie. Ainsi aura-t-elle transformé le ressentiment en révolte et en rire, exorcisé la violence d’un père et celle de l’amour, comme dans Hors-d’œuvre : « J’avais quelqu’un dans la peau qui, je le savais, n’était pas bon pour moi. Ma manière de sortir de cette relation : je lui ai volé une chemise. Je l’ai collée sur un panneau. J’ai mis une cible pour la tête et je l’ai tué d’une manière rituelle en lui lançant des fléchettes. Ça m’a guérie très rapidement ». Gwenaëlle Aubry va jusqu’aux sources de la création, nous donnant accès aux arcanes de l’œuvre de Saint Phalle mais très certainement aussi aux siennes propres.

À lire – Gwenaëlle Aubry, Saint Phalle. Monter en enfance, Stock, 2021.