Entretien mené par Sophie Joubert
Un jour de mai 1980, Ilaria, huit ans, monte dans la voiture de son père à la sortie de l’école. De petits hôtels en aires d’autoroute, l’errance dans le nord de l’Italie se prolonge. En pensant à sa mère, elle se promet de ne plus pleurer. Elle apprend à conduire et à mentir, découvre Trieste, Bologne, l’internat à Rome, une vie paysanne et solaire en Sicile. Grâce aux jeux, aux tubes chantés à tue-tête dans la voiture, l’enlèvement ressemble à une enfance presque normale. Mais le père boit trop, il est un «guépard nerveux» dans un nuage de nicotine. S’il la prend par la main, mieux vaut ne pas la retirer, ni reculer son visage quand il lui pince la joue. Ilaria observe et ressent tout : l’écroulement d’une petite fille qui doit accomplir seule l’apprentissage de la vie.

Avec le soutien de Pro Helvetia.

À lire –
Gabriella Zalapi, Ilaria ou la conquête de la désobéissance, éd. Zoé, 2024.