La Maison de la Poésie

La Maison de la Poésie

Scène littéraire

Maison de la Poésie Paris

La Maison de la Poésie de Paris est une scène de lectures, de rencontres et de création dédiée à la voix des poètes et des écrivains. Elle s'adresse aussi bien à ceux qui ont toujours un livre en poche qu'à ceux qui découvriront le texte porté autrement, par la scène, la voix, la musique, l'image...

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Pas sérieux s’abstenir de Claire-Lise Gaillard

Lecture par Nicolas Gény commentée par l’autrice

Il a fallu près de deux siècles pour que le marché de la rencontre connaisse la vitalité et la légitimité que lui donne aujourd’hui l’ère numérique. Les registres d’agences matrimoniales et l’examen de la presse dédiée aux annonces permettent de lever le voile sur ce domaine de réputation douteuse. Par leurs silences entendus et leurs connotations équivoques, les annonces ne renseignent-elles pas ce qui est communément perçu comme admis, désirable ou au contraire inacceptable ? Indices de la transformation des sociétés, elles révèlent les évolutions du marché matrimonial – qu’il s’agisse de l’équilibre changeant entre enjeux économiques et amour romantique, du poids des stéréotypes de genre, ou des failles grandissantes de la société bourgeoise patriarcale.

Une soirée spéciale Saint-Valentin bien sûr !

À lire – Claire-Lise Gaillard, Pas sérieux s’abstenir, Histoire du marché de la rencontre (XIXe-XXe siècle), coll “Interdépendances”, CNRS éditions, 2024.

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La Vie précieuse d’Yrsa Daley-Ward

Lecture par l'autrice & Julia Kerninon
Rencontre animée par Jennifer Padjemi

Années 80 dans le nord de l’Angleterre. Yrsa grandit avec son frère Roo et sa mère infirmière. Démunie, leur mère les confie à leurs grands-parents, membres de l’Église Adventiste du 7e jour. Au fil des ans, Yrsa subit, de façon insidieuse puis frontale et traumatique, l’emprise des hommes sur son corps transformé.

Le récit d’Yrsa est le contrepied poétique et touchant au male gaze, par la voix mutante d’une enfant, d’une sœur, d’une ado, d’une escort, d’une poétesse dans l’âme, d’une femme en plein empowerment. La Vie précieuse est un ultra-moderne récit de formation, qui rappelle les effets de composition cinglants de la réalisatrice Michaela Coel (série I May Destroy You) et les envolées pleines de vie et de rage de Kae Tempest.

Libre, déterminée, militante féministe et intersectionnelle, Yrsa Daley-Ward a imposé sa voix dans le monde entier, saluée par le Pen Prize du meilleur roman autobiographique. Elle a par ailleurs collaboré avec Beyoncé en 2020 pour le film et l’album Black is King.

« Jusqu’ici, j’ai tout aimé, même les choses les plus terribles. »
Yrsa Daley-Ward, La Vie précieuse.

À lire
– Yrsa Daley-Ward, La vie précieuse, trad. de l’anglais par Julia Kerninon, éd. La Croisée, 2024.
– Julia Kerninon, Sauvage, L’Iconoclaste, 2023.

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Aliène de Phœbe Hadjimarkos Clarke

Lecture par l'autrice & rencontre animée par Sylvie Tanette

Fauvel a perdu un œil suite à un tir de LBD. Elle accepte de garder la chienne du père d’une de ses amies dans une maison isolée à la campagne. Hannah n’est pas un chien comme les autres, c’est le clone d’une première Hannah, qui trône empaillée au milieu du salon. Elle suscite les peurs et les reproches muets du village, à mesure qu’on découvre au matin des animaux massacrés, et qu’elle-même rentre parfois ensanglantée.
Cette situation est le point de départ d’un récit de traque et de cauchemar délicatement progressif. Au fil d’une pseudo-enquête hallucinée, le roman explore les notions de domination, d’animalité et de violence. À travers la proximité, voire l’amalgame entre animaux et humains, Aliène questionne la nature de ce qui est caché, la vie animale, et surtout l’instinct de peur. Tel est le véritable fil du récit, rarement traité avec autant de nuance et de force.

« Ainsi il existe encore des lieux sur ce continent et dans ce pays qui est malencontreusement le mien, dans la mesure où cent fois préférable aurait été de naître apatride ou de ne pas naître du tout, il existe encore des lieux qui ressemblent à l’image idéale que l’on s’en fait. »
Phœbe Hadjimarkos Clarke, Aliène.

À lire – Phoebe Hadjimarkos Clarke, Aliène, éd. du sous-sol, 2024.

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On a peur mais ça va d’Andrea Thominot

Rencontre animée par Simon Paye

Avec On a peur mais ça va, prix de la Vocation 2023, Andrea Thominot signe son premier livre chez Cheyne éditeur. Dans ce texte, l’auteur abandonne le « je », devenu impersonnel et choisit le « on » pour porter la voix de la jeunesse d’aujourd’hui. Il imagine d’autres manières de parler du corps, de respirer, d’avancer. Sa poésie se fait l’écho de ces voix hésitantes, qui ne savent plus comment faire, qui se réveillent dans plusieurs corps. Ces voix qui doutent, heurtent, brûlent, cherchent la douceur et l’harmonie « on ne sait plus où ».

Dans On a peur mais ça va, il s’agit de tentatives. D’essayer et de s’essayer, sans certitude. De reprendre souffle. De reprendre courage aussi. Andrea Thominot donne voix à ce « on », à cette communauté qui redoute l’avenir. Mais avance coûte que coûte.

“on garde des secrets.
on se garde du temps en trop après minuit
on se garde un endroit sur la peau qu’on n’a jamais blessé
on a des recettes secrètes
avec du café, du poivre, de la menthe verte
on fait un poison qui nous soigne
on recrache de la terre qui s’est accumulée
dans nos poumons
on recrache la terre les racines la roche
on ne s’étouffe plus,
on peut presque dire qu’on respire.”
Andrea Thominot, On a peur mais ça va

À lire – Andrea Thominot, On a peur mais ça va, éd. Cheyne, 2023.

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Quitter Hurlevent de Laurence Werner David

Rencontre animée par Sébastien Rongier

Il est des romans qui sont des enquêtes aussi littéraires que psychanalytiques, des dialogues qui entremêlent les livres et les destins.
Lucie est psychiatre. Elle retrouve les traces d’un ancien patient, Hector. Elle décide de comprendre qui est la figure paternelle qui a détruit et hanté le jeune homme et découvre sur le chemin des landes anglaises, une histoire familiale, celle des Brontë qui mêle les névroses à la littérature, la nuit romantique à la fragilité des sentiments.
Par les lieux qu’il choisit, les zones d’ombres qu’il arpente mais aussi par la force des victoires intimes, Quitter Hurlevent est un roman sur la beauté et le danger de vivre.

Une soirée proposée par remue.net

« Fourrant ma montre dans ma poche, je m’assieds à la table de jeux. Maintenant j’ai tout mon temps pour savoir ce qu’il s’est passé cet après-midi du 4 juillet 2016, en bas de la colline de Hurlevent. »
Laurence Werner David, Quitter Hurlevent.

À lire
– Chez Quidam : Laurence Werner David, Quitter Hurlevent, 2024
– Un autre dieu pour Violette, réédition 2024.